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le lyon de nos pères

à la rue d’Auvergne. Bientôt après se produiront l’extinction du titre de l’abbaye d’Ainay et l’acte d’union de ses biens à l’archevêché de Lyon. Une fois les chanoines dispersés, les immeubles de l’ancien claustral passeront aux mains de locataires laïques ; les maisons canoniales seront vendues où renversées pour faire place à des rues.

C’est derrière le chevet de l’église d’Ainay, et dans la maison Sardes de Saint-Vérand, tout proche du rempart (côté occidental de la place Ampère), que l’Académie royale d’équitation, précédemment établie à l’angle de la rue Sala et de la rue de l’Arsenal viendra, en 1717, s’installer aux frais de la ville, sous la direction de l’écuyer du roi, Pavan de Floratis. Deux corps de logis séparés par une grande cour, une chapelle, des écuries pour cinquante chevaux avec remise, un très beau manège, des bâtiments pour le logement de l’écuyer du roi et des élèves : c’est un établissement complet qui se créera pour cette école militaire destinée à l'éducation des gentilshommes. On y enseignera à monter à cheval, à voltiger, à faire des armes, à danser « et tous autres vertueux exercices » ; il y aura, des professeurs de géographie, de mathématiques et de langues étrangères, des maitres à dessiner et à écrire, un pour la musique vocale et un autre pour le « goût du chant », des maitres de violon, de flûte et instruments divers, enfin un maitre de blason, de sphère, d’histoire et de fable. Sous la direction de Pavan de Floratis, des deux Budin d’Espreville, et surtout du célèbre Claude Bourgelat, nommé chef de l’Académie en 1710, l’école deviendra très florissante et attirera un grand nombre d’étrangers ; sa renommée s’étendra dans toute l’Europe. Les bâtiments ne suffisant plus à contenir les élèves, la ville fera dresser des plans pour en construire de nouveaux ; mais le projet m’aboutira pas, et la Révolution, en supprimant la noblesse, tuera cette école exclusivement consacrée à l’usage des gentilshommes.


A la fin du règne de Louis XI, il n’existe encore, à l’est de l’abbaye d’Ainay, depuis la rue Sainte-Hélène jusqu’à l’extrémité méridionale de l’enceinte fortifiée de la ville, aucune autre voie de communication que le boulevard, planté de plusieurs rangées de tilleuls sur les remparts du Rhône. Les terrains compris dans cet espace forment l’enclos des Pères Jésuites, composé par des acquisitions successives et au moyen des legs de Louis-François de Rhodes et de la dame de la Chassagne. Dés l’année 1605, quelques mois après la réintégration de cet ordre religieux, le Noviciat ou Maison de Probation recevait une installation provisoire dans les bâtiments déjà existant sur ces terrains, et, en 1618, le Père Recteur faisait commencer, le long de la rue Sainte-Hélène, sur les plans du P. Étienne Martellange, la construction des maisons claustrales et de l’église. Celle-ci, consacrée le 15 février 1621 sous le vocable de Saint-Joseph, s’élève au débouché de l’ancienne rue Saint-Jacques, qui lui a emprunté son nouveau nom de rue Saint-Joseph, et qui ne se prolongera