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le lyon de nos pères

la Fleur-de-Lys ou de la Quarantaine, où les voyageurs et les marchandises arrivant de lieux suspects sont assujettis à faire la quarantaine, avant d’être admis à pénétrer dans la ville. Plus loin, à mi-coteau, bâti sur de belles terrasses, le château des Tournelles montre à travers les arbres ses tourelles carrées, son grand toit à lucarne et œil-de-bœuf, couvert en tuiles vernies, ses fenêtres à croisillons et ses portes à fronton ornées de cartouches. Peu à peu, tout le coteau se couvrira de magnifiques habitations. Ce seront, au xviie siècle : le domaine de Bellevue, à l’échevin Jean Arthaud ; la Maison Grise, au sculpteur lyonnais Jean Thierry ; l’opulente demeure de Bellerive, qui appartiendra aux Messier, puis aux Périsse, construite sur trois rangs de terrasses soutenues par des arcades, au milieu de jardins plantés, dit-on, par Le Nôtre, et ornée de jets d’eau et de par terres. Au xviiie siècle, La Fleurie, avec ses grandes allées de charmille, bâtie sous Louis XV pour Mme Lobreau, directrice du théâtre de Lyon. Une société brillante fréquentera ces habitations de plaisance. D’épais ombrages couvriront toutes ces pentes aujourd’hui plantées de vignes, et c’est à leur abri que Jean-Jacques Rousseau, adolescent, pauvre et encore inconnu, passera une belle nuit d’été, « couché voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou d’arcade enfoncée dans un mur de terrasse ».

Sur le bord même du chemin, se créeront des auberges aux noms pittoresques : la Croix- Blanche, la Fontaine de Jouvence, l’auberge des Quatre-Nations, le logis et le moulin du Luxembourg ; c’est au-dessus de ce moulin que les Chevaliers de l’Arquebuse s’installeront, dans la première moitié du xviiie siècle, avant de faire construire un hôtel au faubourg de Vaise.

Mais il est temps de revenir à l’entrée de la ville, d’où une bèche nous conduira sur la rive opposée. La porte Saint-George, où vient aboutir la muraille d’enceinte, dresse maintenant devant nous sa construction massive couronnée de mâchicoulis. Du côté de la montagne, elle est précédée d une tour carrée et d’une échiffe. Une autre tour, baignée par la rivière, est reliée à la porte par un mur, jadis