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le lyon de nos pères

Sur la plate-forme naturelle qui domine l’hôpital Saint-Laurent, on aperçoit une chapelle entourée de jeunes tilleuls : elle est dédiée à « Monsieur saint Roch » ; c’est le saint que l’on a coutume d’invoquer pour la préservation ou la guérison

des maladies contagieuses. Élevée, en 1581, par le Consulat, à la suite d’un vœu du gouverneur François de Mandelot, cette chapelle fut solennellement inaugurée par une procession générale à laquelle tout le clergé, tous les ordres religieux, les corps constitués et presque tout le peuple assistèrent. On y accède par un rapide sentier qui se détache du chemin de Choulan, où il est fermé par une barrière de bois, el qui serpente, à travers vignes, entre deux haies vives. Lieu de pèlerinage très fréquenté, ce modeste sanctuaire, que l'on s’occupe d’embellir sur les dessins de Simon Maupin (voir la lettre ornée, p. 22), forme un carré oblong, terminé au levant par un chœur en pan coupé, avec un petit porche servant d’entrée au couchant. Quatre fenêtres cintrées éclairent les côtés de la nef ; celles du chœur sont ornées de trois vitraux, peints par Bertin Ramus, maitre peintre verrier lyonnais, et représentant : celui du milieu, un grand crucifix avec les images de Notre-Dame, de saint Jean et de Marie-Magdeleine ; les deux autres, les images de saint Roch et de saint Sébastien, avec les armoiries de l’archevêque Pierre d’Epinac, de François de Mandelot et de la ville. Cette chapelle est confiée à la garde des Pères Minimes, qui la desservent chaque dimanche. À la fête du saint, qui tombe le lendemain de l’Assomption, commence une octave solennelle ; on célèbre la grand’messe et les vêpres, puis, au coucher du soleil, la bénédiction du Saint-Sacrement est donnée à la foule agenouillée sur la terrasse. Le premier vendredi après Pâques, a lieu la procession du vœu public à la chapelle de Saint-Roch ; les Chapitres, les paroisses, les diverses confréries, le Consulat lui-même y assistent. Ces pieuses coutumes se perpétueront encore pendant cent cinquante ans ; la vénération des fidèles pour ce lieu de pèlerinage ne s’affaiblira pas, jusqu’à ce que la Révolution ferme la chapelle, qui ne sera complètement détruite qu’en 1807.


Au delà de l’hôpital Saint-Laurent, c’est la pleine campagne. Le long de la berge escarpés que vient battre le Rhône, court un étroit sentier montant et descendant, unique voie de halage pour les bateaux arrivant du Midi : c’est le chemin des Étroits. A l’entrée, se trouve la maison de