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le lyon de nos pères

Après le couvent des Ursulines, la rue des Farges continue à monter vers la porte de Saint-Just. Elle est bordée de maisons basses, bien éclairées et d’agréable aspect. À gauche, en voici une du VXe siècle, dans une situation charmante (n° 31 et 33) ; flanquée, au levant, d’une jolie tourelle en encorbellement, elle a des fenêtres à meneaux, d’autres, plus petites, percées sans symétrie, une porte cintrée à arc rampant et, à côté, un vieux puits dans une niche fruste : le tout forme un ensemble harmonieux. À droite, voilà toute une rangé de petites habitations aux toits inégaux (n° 12 à 22), d'un effet très

pittoresque. La dernière surtout est une fort jolie demeure du VXe siècle, avec ses larges fenêtres à croisillons, sa tourelle d’escalier à trois pans, et sa cour spacieuse accompagnée d’un jardin. Ce sont, à chaque pas, des hôtelleries et des auberges, pourvues de belles étableries. Depuis le haut du Gourguillon jusqu’à la porte de Saint-Just, on en compte une douzaine, où pendent pour enseigne, ici, l’Écu de France, la Tête Noire, Saint Sébastien, Nostre-Dame ; là, le Chapeau Rouge, la Croix Blanche, les Trois Rois, l’Éperon, le Péage, Saint Antoine, etc. Cette rue des Farges est déjà un coin de faubourg au grand air ; derrière les habitations, il n’y a plus que des vignes, soit au levant, sur la pente qui dévale vers Saint-George, soit au couchant, jusqu’aux remparts ; mais le voisinage d’une des principales portes de la ville, celui du marché aux bestiaux, le passage des cavaliers, des convois de mulets et des charrettes, les sonneries de l’église de Saint-Just et des couvents d’alentour, y mettent une animation qui ne cesse, à la fermeture des barrières, que pour recommencer dès la première heure du jour.

A notre gauche et en retrait de la voie publique, s’élève la nouvelle église que les chanoines barons de Saint-Just sont venus construire intra muros, dès l’année 1565, après que leur cloitre et leur église situés hors de l’enceinte fortifiée eurent été détruits de fond en comble par les soldats du baron des Adrets. Bien que les restes des saints évêques y soient demeurés enfouis, et