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les flottilles sur la Saône. Au moyen âge, les cavités formées par ces ruines étaient désignées sous le nom de Grottes aux Sarrasins, ce qui a fait croire à certains archéologues que ce monument aurait été détruit par les Sarrasins ou Maures d’Espagne, qui ravagèrent Lyon au VIIIe siècle. Confondant le Théâtre avec l’Amphithéâtre, où se donnaient les jeux sanglants, d’autres érudits regarderont ces souterrains comme le lieu qui servit à renfermer les bêtes féroces auxquelles étaient livrés les chrétiens. Quantité de marbres précieux ont été trouvés autour du Théâtre, ainsi que des tessères d’ivoire numérotées et sculptées. Les matériaux, comme ceux de toutes nos ruines romaines, furent exploités, à toutes les époques, pour des constructions nouvelles ; les Pères Minimes en ont employé une grande partie à celle de leur couvent. — De la vigne où se trouvent ces ruines, on aperçoit les restes d’un mur antique d’une grande épaisseur, près duquel, suivant une tradition populaire, serait enfoui le fameux Veau d’or auquel l’empereur Auguste, pendant le séjour de près de trois années qu’il fit à Lyon, aurait rendu les honneurs divins. Cette croyance est si ancrée dans les esprits, que les particuliers qui vendirent cette vigne aux Minimes se réservèrent, dans l’acte de vente, la moitié du trésor que l’on y découvrirait. Mais, jusqu’à ce jour, hélas ! malgré de laborieuses recherches, on n’a point trouvé le Veau d’or. — Sur le chemin des Arcs (rue du Juge-de-Paix), qui conduit, à travers les vignes, de l’église de Fourvière aux murs d’enceinte de la ville, se dressent çà et la les piles, en briques rouges, de l’ancien aqueduc romain.

Non loin de la Croix-de-Colle, et vers l’entrée de la rue des Farges, est le deuxième monastère des Ursulines — les Ursulines de Saint-Just — fondé en 1633 et dédié à saint Louis. L’église s’étend, du nord-est au sud-ouest, le long de la voie publique ; le cloître, construit en pierres et en pisé, s'élève derrière, sur la terrasse qui domine la pente du coteau. Il abrite une quarantaine de religieuses. Dans leur vigne (jardin du Grand-Séminaire actuel), on nous montre un souterrain connu sous le nom de Grotte Berrelle ; c’est un des réservoirs bâtis par les Romains pour recueillir les eaux amenées par les aqueducs. Il est

composé de trois carrés en portiques ou galeries voutées, dont la longueur diminue par degré et qui communiquent les uns aux autres en tous sens (classé au nombre des monuments historiques, par une loi du 30 mars 1887). — C’est au bas de cet enclos que se trouvent les voûtes appelées « Arcs d’Ainay », que nous avons aperçues des bords de la Saône. À chaque pas surgissent ainsi des vestiges gallo-romains.