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le lyon de nos pères

ce serait là que les compagnons de saint Irénée auraient été décapités sous l'empereur Sévère, et, en souvenir de cet événement, ce lieu aurait pris le nom de Cru Decollatorum. Rappelons, en passant, qu'au moyen âge les chanoines de Saint-Just, le jour de la fête de leur patron et à l'issue de la grand'messe, avaient coutume de servir des raisins, sous l'orme de Colle, au clergé de Saint-Jean qui s'était rendu en procession à l'office de la collégiale. Le vieil orme a été abattu au xve siècle. La s'est tenu, depuis 1490, le marché au bétail ; sur la demande des chanoines, que ce voisinage incommodait, il fut transporté en 1613 hors des murs, en face des ruines de l'ancienne église de Saint-Just ; les habitants l'ont fait rétablir intra muros ; il occupe, depuis 1618, le terre-plein soutenu par le mur du Chemin-Neuf, et il y restera encore plus de deux cents ans.

Au-dessus, s'élève le monastère des Pères Minimes, établis à Lyon en 1553 par le célèbre P. Simon Guichard, surnommé « le marteau des hérétiques ». La façade longe le chemin de Saint-Just à Fourvière et à Saint-Paul, et les dépendances occupent, à l'ouest et au nord, une grande étendue de terrain planté de vignes. Au midi, contiguës à la façade, se dressent la tour carrée du clocher, surmontée d’une pyramide, puis l’église. Celle-ci est à une soule nef, entourée de chapelles. Faute de ressources, il à fallu près d’un siècle pour la construire ; la pose solennelle de la première pierre fut faite le 25 mars 1555 : la consécration officielle n'aura lieu qu’en 1653. C'est un monument d'une architecture renaissance un peu avancée. Long d'environ trois cents pieds, éclairé par d'immenses baies, il déploie de larges voûtes aux nervures carrées, retombant sur des niches à dais taillés en coquille et coiffés d'armoiries sculptées ; les piliers minces sont adossés à un fût de colonnette engagée qui s'élance à une grande hauteur. Sous les pas, on foule de nombreuses pierres tombales ; au milieu du chœur, une dalle de marbre noir nous apprend qu'ici repose l'obéancier de Saint-Just, Maurice de Fenoyl, un des principaux bienfaiteurs du monastère. Le grand-autel est