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de la ville, et c’est encore une des plus fréquentées. Il n’y en a pas de plus directe entre la porte de Saint-Just et le quartier Saint-Jean. C’est par la que descendent les voyageurs qui arrivent par la route d’Auvergne et les paysans du

Lyonnais qui viennent, avec leurs mulets chargés de paniers et de sacs, apporter leurs denrées au marché. Aussi les petites boutiques y sont-elles nombreuses ; les voilà telles quelles étaient au XVe et même au XIVe siècles : la porte à plein cintre et, à côté, la « fenêtre » également cintrée, sans moulures, avec la pierre d’appui servant à étaler les marchandises ; ou bien, la porte et la fenêtre enfermées sous un seul arc et séparées par des montants de pierre (n° 46 et 48).

Jusque vers la fin du XVIe siècle, le nom actuel de cette montée ne s’appliquait qu’à la partie basse : le carrefour ou treyve du Gourguillon et même la rue jusqu’à la Brèche de Saint-Jean. La montée tout entière s’appelait chemin de Bel-Regard ou Beauregard, nom qui est resté à la petite place située au milieu du Gourguillon. Cette raison topographique vient s’ajouter aux autres pour faire rejeter l’étymologie légendaire imaginée par quelque historien moderne. Mais, à défaut de merveilleux, cette ancienne voie rappelle une foule de vieux souvenirs.

Au-dessus de la rue Breneuse, se trouve une habitation qui fut, au XVIe siècle, la propriété du célèbre antiquaire Guillaume du Choul, bailli des montagnes du Dauphiné, auteur de plusieurs ouvrages estimés sur l’histoire et l’archéologie romaine ; comme Claude de Bellièvre, ce savant avait rassemblé dans sa maison une grande quantité d’objets antiques. Dans la partie haute du tènement enveloppé aujourd’hui par la rue des Espies, se trouvait jadis la recluserie de la Magdeleine, dont il est si souvent parlé dans l’histoire de Lyon : Sancta Maria Magdalena, reclusoria de colle,