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terres des propriétés riveraines. De distance en distance, une porte percée dans ces sortes de remparts laisse entrevoir un escalier, une cour, un bout de jardin. Quelques-unes de ces constructions datent de plus d’un siècle ; elles ne dépassent pas le milieu de la montée. Plusieurs familles bourgeoises ont là leur

habitation. Il y a aussi, comme dans tout ce quartier, des ménages d’artisans vivant resserrés dans d’étroits logis ; au siècle dernier, messire Garbet possédait, rue Saint-George, une maison dont les Florentins occupaient les salles basses avec le jardin et où il n’y avait pas moins de cinquante-deux locataires. Cet état de choses a peu changé ; cependant on ne compte encore, à Saint-George, que fort peu d’ouvriers en soie ; sur toute la rive droite de la Saône, il n’y a guère plus d’une centaine de « maitres » : en 1660, le personnel complet de la manufacture lyonnaise ne dépassera pas encore deux mille quatre cent cinquante individus, y compris les compagnons, les apprentis et les fils de maitres. Mais, comme les métiers sont disséminés dans tous les quartiers et que, dans la plupart des rues, on entend retentir, fort avant dans la nuit, le bruit « de la grande et de la petite navette », les étrangers peuvent avoir, comme Chappuzeau, l'illusion que « les soyes occupent ici cent mille personnes ». Ce sera dans la seconde moitié du xviiie siècle, que les petites rues de Saint-George et du Gourguillon deviendront une des principales agglomérations d’ouvriers en soie, à telle enseigne qu’à la veille de la Révolution il n’y aura pas moins de quatre cent soixante-douze maitres, à Saint-George, seulement, et, autour de chaque maitre, le personnel d’un atelier : compagnons et apprentis, dévideuse et tireuse de corde. En outre, le voisinage de la Saône amènera des teinturiers, qui s’établiront au port du Sablet ou rue Ferrachat. Cet accroissement de la popu-