Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
le lyon de nos pères

Jean la richesse inouïe, le chœur de l’église de Saint-George, entièrement reconstruit par les soins d'Humbert de Beauvoir, se fait remarquer par la hardiesse des profils de ses voûtes ogivales, ses nervures fortement accusées et ses clefs pendantes où l'élégance du dessin n'est point noyée sous un excès d'ornementation. Il est éclairé par trois fenêtres décorées de vitraux, Sur le maitre-autel, le retable, formé de deux colonnes torses habilement sculptées, renferme un grand tableau représentant la résurrection de Notre-Seigneur. De chaque côté du chœur sont des stalles pour le clergé de l'église, qui se compose, outre le prieur-curé, de quatre prêtres chapelains, dont l'un a le titre de doyen et un autre celui de syndic. A la tête des stalles de droite, le Grand-Bailli a sa place réservée ; mais souvent, sans sortir de chez lui, il assiste aux offices dans une tribune qui s'ouvre au-dessus du sanctuaire et qui est construite dans la tour septentrionale de la Commanderie.

Sous les dalles de la nef, règne un long caveau où les chevaliers ont leur sépulture. Plusieurs membres de nos grandes familles ont également ici leur tombeaux. Dans cette chapelle, au levant, reposent, sous ce tombeau tout brisé, Barnabé de Langres, écuyer, et sa femme, Élisabeth d’Amanzé, décédés à la fin du xvie siècle ; au même endroit, Nicolas Ier de Langes, mort en sa trente-septième et sa femme, Françoise de Bellièvre, au milieu du xvie, après un long veuvage noblement supporté. Là aussi sont venus se coucher l'un après autre, dans le sommeil de la mort, Louise Grolier et son mari, le célèbre président de Langes, mécène des gens de lettres de son temps. Les armes de ces illustres familles se voient sur leur tombeau ou au vitrail de leur chapelle. Enfin, plusieurs confréries ont ici des chapelles pour leurs assemblées. — Jusqu'à la Révolution, l’église de Saint-George restera dans la dépendance du grand Prieuré d'Auvergne et demeurera tout à la fois régulière et paroissiale. Mais, à cette époque, la Commanderie sera vendue comme bien national ; l'église sera pillée, puis convertie en fenil, enfin rendue au culte par le Concordat.


Nous sommes ici presque à l'extrémité de la ville. Un peu plus loin au midi, en suivant la rue Saint-George, de plus en plus resserrée entre les maisons du côté de la montagne et celles du bord de la rivière, on voit se dresser l'énorme et massive porte fortifiée à laquelle vient se relier la muraille qui enveloppe la colline. Au-dessus, s'élève la croupe verdoyante du coteau, qui, au printemps, se couvre de fleurs. À l'endroit le plus escarpé, on aperçoit de nombreux débris d'ouvrages romains, que les « antiquaires » croient des restes de la voie Narbonnaise, l’un des quatre grands chemins d'Agrippa, dont le centre était à Lyon. Ces arceaux mêlés à la verdure, ces vignes el ces jardins en terrasses, d'où émergent, au sommet, l'abside et le clocher de Saint-Just, font un curieux contraste avec le sombre rempart qui monte presque à pie au-dessus de la porte Saint-George, — En bas, où étaient autrefois des tuileries et des ouvroirs de tupiniers, c’est