Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CAPOUT. — Faire capout. Tuer. Cette expression date de l’invasion autrichienne de 1815. C’est l’allemand familier caput, capot, ruiné, mort.

CAPUCHE, s. f. — Sorte de coiffure en façon de pseudo-capuchon, que les femmes se mettent sur leur quartier de lune. « Dites capuce ou capuchon. » s’écrie Molard. Non le capuce ou le capuchon, partie du vêtement monacal, est un objet entièrement différent de capuche. Proscrit par Molard et l’Académie, capuche a fini par trouver asile dans Littré.

CAPUCINE. — Être plein jusqu’à la troisième capucine. Se dit de quelqu’un complètement ivre. Par extension, se dit de quelqu’un qui a mangé énormément, Métaphore empruntée à l’ancien fusil de munition. Le canon était relié au bois par trois capucines en cuivre dont la dernière très rapprochée de la gueule. Sur le choix de l’image, comp. Se taper le fusil.

CAQUENANO, s. m. — Se dit de quelqu’un de timide et de benêt. J’ai raconté ailleurs que sa maman avait marié Agnus Poupard. Quel grand caquenano ! me disait la maman quinze jours après, un mari de carême ! — Et pourquoi de carême ? que je lui faisais. — Vous aussi, si caquenano que ça ! — Mais encore ? — Eh, parbleu, on sait assez qu’en carême, on ne touche pas à la viande ! — Composé, parlant par respect, de caquer et de nano, expression enfantine pour lit. Concluez.

CAQUER, v. n. — Parlant par respect, Cacare. Nous faisons une différence énorme entre le terme lyonnais et son correspondant français. Le premier, sans appartenir à la langue absolument littéraire, est beaucoup moins bas que le second. Quand j’étais petit, on me tolérait l’emploi de l’un, on m’eût sévèrement puni pour l’emploi de l’autre.

Lorsque je fus à Paris, le premier jour où j’eus à prononcer le mot lyonnais, je demeurai stupéfait de voir que, parmi mes camarades, personne n’y comprenait rien. Cela me semblait cependant chose si naturelle ! — De cacare, par une forme prov. cagar. Le radical cac se retrouve dans toutes les langues aryennes. Et nos petits mamis eux-mêmes, lorsqu’ils disent caca parlent sanscrit ! Quelle belle chose que la philologie !

Un visage à caquer contre (parlant par respect). Se dit d’un visage qui n’est pas bien joli.

CAQUERELLE, s. f. — Avoir la caquerelle, parlant par respect, Avoir la vasivite.

CAQUETIÈRE, s. f. — Mot honnête pour Communs, ainsi qu’en témoigne ce couplet de la chanson lyonnaise du Petit Bossu, air de l’Aco d’aqui :

(Parlant par respect.)
Quand Petit Bossu veut aller caquer,
Il n’y va jamais sans son papier ;
Il arrive à la caquetière ;
Tortillant son petit derrière :
« Je viens pour caquer ;
« Voici mon papier.
« Faites promptement ;
« Voilà votre argent. »

CAQUILLON, s. m. — Petit baril, de contenance variable. On se sert de caquillons pour le vin d’Espagne, l’eau-de-vie, surtout le vinaigre, car tout bon ménage bien ménagé doit avoir son caquillon de vinaigre, que l’on recroit avec du vin tourné, des baissières, etc. Il n’y a que les mauvais ménages, mal ménagés, où l’on envoie acheter à cha-bouteille, chez l’espicier, du vinaigre fabriqué avec du bois, des acides, et parlant par respect toutes sortes de cochonneries. — De caque, tonneau, avec le suffixe diminutif illon.

CARABASSE. — Vendre la carabasse, Faire connaitre un secret. — Mot emprunté au languedocien, {{lang|lengadoc|troumpa la carabassa, frauder la gabelle.

CARABOSSER, v. a. — Cabosser très fortement. L’insertion de ra dans le thème cabosser est intensive.

CARAMELLE, s. f. — Bonbon au caramel. Nous disons Faire un caramel, faire un sirop de sucre fondu au feu ; et Manger une caramelle, bonbon. Cette distinction entre les deux objets est très préférable à la confusion faite par le français employant le nom unique de caramel.

CARCAILLAT, s. m. — Crachat très vilain. — Onomatopée attrayante.

CARCAN, s. m. — Vieux cheval, rosse. Au fig. terme aimable pour désigner une grande femme sèche. « Ce grand carcan