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BRINGUE, s. f. — Une grande bringue, une fille longue et dégingandée. — Subs. verb. du vieux franç. bringuer, danser ; vieux esp. brincar. Le sens est dérivé de danser à se démancher en dansant.

BRIOCHE, s. f. — Brioche de Lyon. La différence fondamentale entre la brioche de Lyon et celle de Paris, me dit un briochier, c’est que la nôtre est faite avec du levain de pain et celle de Paris avec de la levûre de bière.

Faire une brioche, Faire une sottise. Pourquoi cette expression ? Il ne faut pas déjà être tant benoni pour fabriquer une bonne brioche ! Comp. faire une boulette.

BRIQUE. — De brique et de broque, Sans ordonnance, sans choix. Un livre, un discours fait de brique et de broque. — C’est un pléonasme. Brique et broque (de breque, forme de brique) signifient tous deux morceaux. Comp. la locut. de pièces et de morceaux.

BRIQUES, s. f. pl. — Morceaux, débris d’une substance dure. Madame est dans sa chambre ; la bonne dans le corridor, après son service. On entend bing !La dame : Ah, mon Dieu, je suis sûre que voilà mon thomas en mille briques ! Notre sens est le sens primitif du franç. briques.

Briques de défense, terme de batellerie. — Ce sont des madriers suspendus aux flancs des bateaux et qui servent à amortir les chocs si le bateau est poussé contre une rive ou un rocher.

BRIQUET, s. m. — Sorte de petite pâtisserie en pâte tendre et légère qui a la forme des anciens briquets en acier servant à enflammer l’amadou.

BRIQUETAGE, s. m. — Cloison faite de briques d’un pied de long (pied de roi), six pouces de large et un pouce d’épaisseur. C’est la grandeur de la brique dans le moule. Le retrait de la cuisson la réduit un peu. — Mot bien mieux fait que galandage, qui raisonnablement, ne se devrait dire que d’un galant âgé.

BRISCAILLE, s. f. — Faire briscaille. C’est, dans une partie de gobilles, rafler les gobilles qui sont sur jeu, puis s’enfuir. — Du patois briscaila, mauvais sujet, vagabond et qui vient du vieux français brès, brècon, fou, insensé, imprudent. La locution primitive a dû être faire la briscaille, faire le voleur, condensée en faire briscaille.

BRISE-FER. — Enfant qui démolit tout, déchire ses culottes, casse les visières de ses casquettes, use les bouts de ses souliers et qui finira manquablement sur l’échafaud.

BRISE-RAISON, s. m. — Se dit de quelqu’un qui n’a point de suite dans le raisonnement, dans la conversation ; qui n’a point de jugement. M. Petamour, c’est un brise-raison ; il parle comme un âne pète.

BRISON, s. m. — Un petit brison, Un tant soit peu. — C’est le mâle de brisette, en - vieux franc. petit morceau. — De briser.

BRISQUE, s. f. — Chevron du soldat, du caporal ou du sous-officier qui a fait un congé. Il a deux brisques. Par extension, la personne qui a des brisques : Une vieille brisque, Un vieux militaire. — Du vieux franç. bris, brix, rupture, chose brisée. Architecture, bris, rencontre des deux pentes d’un toit brisé.

BROCANTE, s. f. — Même signification que bricole. — Subst. verbal de brocanter.

BROCANTER, v. a. — Remuer des objets, spécialement des objets sans valeur ; perdre son temps à ravauder. Que don qu’i brocante tant avec sa femme ? — Dérivat. de brocanter, acheter et revendre. Comp. trafiquer, qui a pris aussi à Lyon le sens de remuer, ravauder.

BROCHE, s. f. — 1. Aiguille de bas. « Le mot broche, observe judicieusement Molard, convient mieux qu’aiguille, car une aiguille est pointue à une extrémité et percée à l’autre, au lieu que la broche est semblable par les deux bouts. »

2. Brochette de bois que le boucher, lorsqu’il vous fait porter votre viande, pique dans le morceau et où est marquée par des coches, comme à l’ouche du boulanger, la quantité fournie.

3. Terme de dévidage. Petite tige de fer à tête de bois, dont les dévideuses se servent comme d’un axe pour leurs roquets, lorsqu’ils sont placés sur la mécanique.

4. Broches à dessin, accessoire de la Jacquard, Broches de fer qui supportent les cartons sur le cerceau.