Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BRETEAUX, BRETIAUX. — Corruption de Brotteaux, née d’un besoin euphonique, et fort ancienne. « Est aussi fait défense… de faire descharger sur les Ports et Quais… aucunes meules de moulin et guises : ains serons deschargées à la queue du Breteau d’Esnay. » (Ordonn. 1672.) — Fonvieille, dans son Collot dans Lyon, écrit toujours Breteaux.

BRETONNÉ, ÉE, BRETONNEUX, EUSE, adj. — Bourgeonneux, euse. Avoir le nez bretonneux. — Fait sur bretonner.

BRETONNER, v. n. — Bourgeonner. Voilà les lilas qui bretonnent, ton groin aussi. — De brot.

BRICAILLES, s. f. pl. — Débris de briques, de pierres, etc. — Tiré de briques, comme pierrailles de pierre.

BRICHET, s. m. — Creux de l’estomac. On le trouve dans Molière : « En glieu de pourpoint, de petites brassières qui ne leur venont pas jusqu’au brichet. » — Emprunté irrévérencieusement à l’anatomie des poulailles. Le brechet est la côte saillante qui se trouve à la face externe du sternum des volailles. — Origine celtique.

BRICOLE, s. f. — Se dit, en construction, de menus travaux de réparations. Avoir quelques bricoles (à faire). Un de mes camarades avait de grandes prétentions au Don Juan. Nous lui demandions un jour des nouvelles de ses succès. Heu, heu, quèques bricoles, répondit-il avec modestie.

Littré le définit « Travail de hasard, mal rétribué… Cette expression est tirée de la bricole qu’on se met au cou pour traîner les petites voitures. » Définition inexacte, du moins en ce qui nous concerne. La bricole peut être très bien rétribuée. C’est seulement un travail peu considérable. Je crois que le mot est le subst. verb. de bricoler, aller de çà et de là. « Quand on mange quelque chose de trop chaud, on le fait bricoler dans la bouche. » (Acad. 1694.)

BRICOLER, v. n. — Faire des bricoles, n’avoir que des bricoles. Je demandais un jour, parlant par respect, à un gandou, s’il avait beaucoup de travaux. Euh, euh, qu’it me dit, nous n’avons point de beaux travaux, nous bricolons. Il entendait qu’il n’avait que quelques méchantes allèges d’eau claire ; qu’il n’avait pas de ces belles et vastes fosses de la Croix-Rousse, où, parlant par respect, la matière est d’une si admirable pureté ; enfin il n’avait pas de beaux travaux. Puis, peut-être cette année-là avait-il du chômage.

BRIDER. — Brider son âne par le c…, Prenûre un travail, une affaire à rebours. Un père, obligé de marier la cadette de ses filles avant l’ainée, me disait d’un air mécontent : Je bride mon âne par le c… Quand il y a des dames, on dit brider par la queue.

BRIGNOLES. — Arrapés comme de brignoles. Se dit de deux personnes qui s’embrassent longuement. Y se fesiont mimi en se tenant arrapés comme de brignoles.

BRIGNON, s. m. — Ce n’est que depuis peu de temps que je sais qu’on doit dire brugnon. J’avais cru d’abord à une corruption de prononciation et l’intérêt eût été médiocre. Mais brignon est au contraire le mot primitif, que donne Olivier de Serres et c’est brugnon qui est la corruption.

BRILLANT, s. m. — Bruant. — Confusion de sons avec bruant. — Le brillant n’a pas le plumage brillant du tout.

BRILLAUDI, s. m. Garçon évaporé, bruyant. — En rapport avec le suisso-romand brelauda, troubler, peut-être lui-même en rapport avec l’armor. brella, brouiller. Brillaudi est une forme patoise pour brillaudier.

BRIN, s. m. — Un tantinet. À table : Cadet, veux-tu de fiageôles ? — P’pa, j’en prendrai un brin. Une dame en voiture : Conducteur, eh ! arrêtez un brin, j’ai faute de descendre. — Brin, chose menue, étendue au sens général de chose de mince importance.

BRINDAS. — Vin de Brindas, Mauvais vin. Brindas, village de nos environs, renommé pour la fâcheuse qualité de son vin. Un Lyonnais, pour gausser, dans un grand restaurant de Paris, demande : Avez-vous du Brindas ? Mais il fut le dindon de la farce. — Certainement, Monsieur ! Et on lui apporte un vin cacheté quelconque, qu’à l’addition l’on compta six francs.