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dire qu’il faut toujours être en mesure de manger peu ou prou lorsque les amis vous offrent.

Aimer quelqu’un comme ses petits boyaux, L’aimer beaucoup. Héloïse aimait Abélard comme ses petits boyaux. Ce qui me remémore deux jeunes mariés, qui, ayant fait à Paris leur voyage nuptial, me racontaient au retour qu’ils étaient allés pieusement s’agenouiller au tombeau de Louise et Bernard. Aussi quelle drôle d’idée de s’appeler Héloïse et Abélard, au lieu de Louise et Bernard, qui se comprend bien mieux !

BÔYE (bô-ye), s. f. — Jeune fille. Une belle bôye. En Savoie bouille. — Pourrait reporter à un bagucula, formé sur le celtique bach, petit ; d’où bachgenes, jeune fille.

BÔYES (bôye), s. f. pl. — Boyaux. Il a le bôyes carcinées par l’arquebuse. — De botulae.

BRÂCHES, s. f. pl — Menus débris de végétaux, de bois. Quand j’étais petit, comme j’étais tout potringue, on me faisait des infusions tant que dure dure. On avait beau les passer à la passoire, je me plaignais toujours qu’il y eût des brâches au fond. À quoi ma mère de répondre invariablement « qu’on ne les engraissait pas avec de l’eau claire ». — Forme dénasalisée de branche.

BRAGARD, s. m. — Vif, émerillonné, bien mis, piaffeux. Mon cousin Lespinasse signait : Lespinasse, dit Bragard, fifre (v. ce mot) de Mornant. — Vieux prov. bragard, même sens ; vieux franç. bragard, gentil, aimable. Mot d’origine germanique.

BRAISE, s. f. — Miette. De braises de pain. Des miettes de pain. Par extension, Un tant soit peu. Veux-tu de retailles ? — Baille-me-n’en une braise. — Les formes des autres patois indiquent un subst. verbal de briser.

2. Terme de tendresse. Ne s’emploie qu’à la deuxième personne : Ven, ma braise, ma coque, mon boson ! — C’est le sens de miette pris pour extrême diminutif. Les termes de tendresse sont toujours diminutifs. On dit « mon petit cœur » et mon « mon grand gendarme ».

BRAME, s. f. — Brême. — De l’allemand brachsme.

BRANDIGOLER, v. n. — Branler, vaciller. — C’est brandir, avec un suffixe comique. Comp. rigoler.

BRANDONS. — Le Dimanche des Brandons ou les Brandons, Le premier dimanche de carême, dit aussi Dimanche des Bugnes. — De brandons, rameaux verts que le peuple lyonnais allait tous les ans chercher ce jour-là au faubourg de la Guillotière, et qu’on rapportait en ville, chargés de fruits et de gâteaux.

BRANDOUILLE. — Ne s’emploie que dans cette loc. Cuisinier brandouille, cuisinière brandouille, — qui fait la sauce aux grenouilles, ajoute-t-on souvent.

Un de mes amis m’expliquait qu’un jour, dans un restaurant parisien, impatient d’attendre trop longtemps sa soupe, il était aller gourmander le gâte-sauce à la cuisine. « Figure-toi que je trouve ce cuisinier brandouille en train de faire des yeux au bouillon. — Comment ! Faire des yeux au bouillon ? — Eh oui !.. il était devant la marmite, sa bouche pleine d’huile, et gonflant ses joues, il tapait dessus avec ses deux poings : Pssss ! Pssss ! Pssss ! et comme ça il envoyait des postillons à foison sur le bouillon, pour lui faire des yeux ! Je lui crie des sottises : il tourne la tête de mon côté ; je lui donne un coup de poing sur sa joue gonflée, qui fait qu’il me crache toute son huile par la figure. Je tape plus fort, la garde vient. Je passe en correctionnelle. Tu penses p’t-êt’ qu’on a condamné ce salopiaud ? Pas du tout, c’est moi qui paie 25 francs d’amende et 50 francs de dommages-intérêts. »

Le mot est-il en relation avec l’ital. brodaia, méchante soupe à bouillon très allongé.

BRANDUSSER. v. n. — Muser, flâner, se prendre à des riens. — C’est brandir avec un suffixe comique de fantaisie. Nyons, brandouiller.

BRANLER (SE), v. pr. — Se balancer sur une escarpolette. Très usité. Se trouve dans Molard, qui prétend qu’on doit dire brandiller.

BRANLICOTER, v. n. — Fréquentatif de branler.

BRANLOIRE, s. f. — Escarpolette. Molard assure qu’il faut dire brandilloire. Non. La