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vous devez être bien las, asseyez-vous ! — Eh, bonne sainte Vierge, firent les anges. nous voudrions bien, mais nous n’avons pas de quoi. » C’est un bon vieux curé qui m’a conté cette gandoise. — Fait sur bouff, bouffer.

BOUFFER, v. n. et a. — 1. Souffler, attiser. Le vent bouffe ce soir.

2. Gonfler, enfler. Une dame à sa tailleuse : Tâchez voir moyen de bien faire bouffer mon postiche. — D’une interjection bouff, produite au moyen du gonflement des joues.

BOUGEON, ONNE, adj. — Remuant. Un enfant bougeon. Quand mon ami Agnus Poupard, de la rue Ferrachat, se maria, on lui demandait comment il avait passé la nuit. Je l’aurais bien passée, dit-il, mais ma femme est si tellement bougeonne que je n’ai rien pu dormir.

BOUGRASSER, v. n. — Se remuer sans effet utile. Je ne sais pas ce que j’ai bougrassé ce matin. je n’ai pas fait une aune. Il est un peu bas. — Étymologie : — Ah non, par exemple !

BOUIL (prononc. bou), s. m. — État de bouillir. Le bouil de la vendange. Un tour de bouil. Faire prendre le bouil à la soupe. Aller grand bouil. Quand on est jeune, l’amour va grand bouil. Puis le bois manque. Ça va petit bouil. Puis, il n’y a plus que des cendres, et froide est la marmite. — Subst. verbal de bouillir.

BOUILLES, s. m. pl. - Entrailles. — Ce mot a été inscrit par Chanoine en marge de son exemplaire de Molard. C’est une forme de bôyes (voy. ce mot), de botulae, et plus voisine du français.

BOUILLI, s. m. — Quiconque a reçu des leçons de bon genre sait assez que l’on ne doit jamais dire : Voulez-vous du bouilli ? mais : Voulez-vous du bœuf ? — Sottise ! Savez-vous si ce n’est pas de la vache ? Puis l’Acad. dit proprement : « Bouilli, viande cuite dans un pot, dans une marmite. » Et Mme de Sévigné écrit : « Nous avons mangé du potage et du bouilli tout chauds. » Allez, grammairiens, et tâchez d’écrire comme elle.

Je connaissais un excellent homme que des imbéciles, dans un repas d’amis, firent boire avec excès pour l’emmener ensuite comme Saint-Preux, chez ce que, par un délicat euphémisme, Rousseau, dans la table de la Nouvelle Héloïse, appelle « des femmes du monde ». Le bonhomme, dégrisé et rentrant à la maison, disait mélancoliquement à ses amis : « Ah ! rien ne vaut encore le bouilli de la bourgeoise ! »

BOUILLIR. — De quelqu’un qui n’est bon à rien nous disons : Il n’est bon ni pour bouillir ni pour rôtir.

BOUILLON. — Bouillon de chien, Pluie. Un dimanche, je rencontre aux Terrenux le père Petavert, qui était sur ses trente-six. Tiens, que je fais, le père Petavert qu’a mis son habit à manger de viande !Justement, qu’il me dit, je m’ensauve pour rentrer avant qu’i tombe de bouillon de chien ; je ""voudrais pas saucer mon panneau !

C’est un bouillon qui chauffe. Même sens que Bain qui chauffe (voy. bain).

Boire un bouillon. Se dit d’un marchand qui perd sur une affaire ou de quiconque a fait une spéculation malheureuse.

Bouillon pointu. — Piglialo su, Signor monsu !

Bouillon d‘onze heures, Bocon. — On explique la locution par la persuasion où étaient les vieux Lyonnais que, dans les hôpitaux de Lyon, on se débarrassait des malades incurables en leur faisant prendre un bouillon empoisonné qui se distribuait à onze heures. Mais la généralisation de l’expression, qui se retrouve dans tout le Velay et jusqu’au fond de la Saintonge, doit lui faire attribuer plus qu’une origine locale.

BOULANGER (LE). — Le Diable. Ainsi dénommé parce qu’il met à cuire les damnés dans son four. Nos pères paraissent avoir beaucoup redouté de désigner le Diable par son nom, comme si l’on eût craint d’attirer son attention. En le désignant comme cela, par un sobriquet convenu, il ne se doutait de rien.

BOULE. — Tirer une boule, La déplacer en lançant la sienne contre elle. Tirer en place, Baucher en place (voy. baucher).

Avoir les yeux en boules de gomme. À peu près comme avoir les yeux en boules de loto. C’est Blanc-Saint-Bonnet ou Saint-Bonnet-Blanc.

Avoir les yeux en boules de loto. C’est les avoir à fleur de tête, comme les grenouilles. On prétend que ceux qui les