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une toile. On s’en servait pour traverser la Saône (prix, au XVIIe siècle, deux liards) avant la construction du grand nombre de ponts existant aujourd’hui, comme aussi pour faire des promenades sur l’eau.

2. s. f. pl. Sous la dénomination de Bèches, on entendait un établissement de bains froids, composé de quatre ou cinq bèches amarrées à la deuxième pile du Pont de Pierre, du côté de la Pêcherie. Le nom s’est transmis aux bateaux de natation actuels.

De beccum, rostre, proue en façon de bec, à cause de la forme relevée de l’avant.

BECFI, s. m. — C’est le nom, plus euphonique, que nous donnons au becfigue. Que de fois l’on entendait le garçon chez Bertrand : Deux becfis gras pour Monsieur à la casserole ! Boum !

BÉCHEVELIN. — Quartier au sud de la Guillotière, que l’usine de Laracine pour l’équarrissage des chevaux avait rendu célèbre.

On lit dans le Songe de Guignol, pièce qui précéda de peu les journées de novembre 1831 :

Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser…
Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
De sale viande et d’os que sentiont la vidange,
Autant Béchevelin ; et de membres affreux
Que de m…[1] sanglants se disputiont entre eux.

BÉGUER, v. n. — Bégayer. Je bègues, etc. Vieux franç. béguer, dont bégayer est le fréquentatif.

BÉGUI, s. m. — Bonnet des mamis au berceau. — C’est béguin avec suffixe itius au lieu d’inus.

BEIGE, adj. — Se dit du linge jauni, roussâtre. J’entendais un jour Mme de Beaupertuis qui reconnaissait son linge : Je crois que cette buyandière de mon… cœur lave au savon de Villebois ; elle m’a rendu mes décrassoirs tout beiges !

BÉJAT. — Tomber dans le béjat, Tomber dans l’imbécillité. — Même origine que le piémontais bagian, idiot ; prov. bedigas, sot ; vieux franç. begaut, niais, et le français bègue.

BELETTER, v. a. — Désirer ardemment, convoiter, couver des yeux. As-te vu Piedfin, comme i belette la Perrotte ? De belette. Être convoiteux comme une belette.

BELIN, s. m. — Agneau. Au fig. expression de tendresse. Se dit volontiers aux enfants. Veux-tu une rôtie de crasse de beurre, mon petit belin ? — Vieux franç. belin, bélier, agneau.

BELUE, s. f. — Étincelle, bluette. « Mameselle, une belue de vos jolis agnolets m’a z’enflammé le cœur. » (Modèles de correspondances.) Vieux franç. bellue, même sens, de bis-lucem.

BENAISE, adj. — Satisfait, bien aise. Se dit surtout quand on a le ventre plein. À table, chez un ami, au pousse-café : Eh bien, es-tu benaise ? qu’il vous dit. — J’en suis gonfle comme un n’haricot crevé, que vous répondez, ou bien : La basane m’en pète ; enfin vous avez soin de dire quelque chose d’agréable. — De bien et aise, cela coule comme une chandelle.

BENAISER (SE), v. pr. — Se rendre benaise. Nous ons été dimanche, avè Cadet, chez Mille, aux Grandes-Terres. Nous ons commandé pour six. Nous nous sons bien benaisés. De benaise. Comp. le vieux franç. bien-heurer, de bien et heur.

BÉNÉDICITÉ.

Bénédicité de Craponne :
Prions Dieu qu’i vienne personne ;
Nous sons assez grands garçons
Pour manger ce que nous ons.

BÉNIR. — Autant qu’un pape en pourrai bénir. Se dit pour exprimer des quantités innombrables, vu qu’un pape peut en bénir des foisons d’un seul coup. Quand j’étais petit, le papa disait que j’aurais mangé des truffes frites tant qu’un pape en pourrait bénir.

Bénir les fesses avec un martinet. — Tous les gones vous diront ce que c’est.

Que le bon Dieu le bénisse ! Expression qui équivaut à « Que le diable l’em-

  1. Je ne comprends pas du tout le mot que représente cette initiale.