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à couyonner, comme en partie tous les vieux canuts : Comment, qu’il fait, te couches dans un bas ! ah, par exemple, te me feras pas croire celle-là ! Y aurait jamais de bas assez grand. — Oh, c’te grande bugne qui croit que je couche dans un bas ! fit le Joset d’un air de pitié ; mais c’est pas un bas qu’est un bas, comprenez don ! C’est un bas qu’est une cadolle ?

Le bas de la Grand’Côte. Voy. Grand’ Côte.

À bas. — Quand le métier est à bas, c’est quand il n’y a plus, hélas ! de pièce à donner chez le fabricant. — À bas ! dernier mot de tout. Beaux amoureux, vous ne songez guère qu’un temps viendra où vous n’aurez plus d’huile dans le chelu, rien que des canettes ébôyées dans le caissetin. — Métier à bas ! — Politiciens qui vous gonflez comme des haricots crevés, un jour vous serez renversés, ef qui pis est, oubliés ; Métier à bas ! Et tous, riches comme le père Crépin ou pauvres comme Bibasse, le métier sera à bas, un jour que l’on aura fabriqué sa dernière longueur, la plus malaisée, pleine d’écorchures et de bouchons.

Et mourut Paris et Heleine.
Quiconque meurt, meurt à douleur.

Puisque c’est un faire le faut, ami lecteur, puisse au moins ton métier n’être à bas que le plus tard possible !

BASANE, s. f. — 1. Grand tablier de peau que les paysans revêtent au travail pour protéger leurs vêtements. — De l’espagnol badana, cuir corroyé.

2. Peau du ventre.

Ô fortuné papa de la belle Susanne,
Et vous mère, à qui elle ébarchit la bazane !

dit le prophète Daniel dans la Châste Suzanne.

Crever la basane, Crever la peau du ventre, par exemple, d’un coup de sabre.

Se faire tirer la basane', Manger fortement. J’ai tellement bien diné que j’ai cru que la basane m’en petait.

BASCULE, s. f. — Harnais du métier de canut. Bascule à besace. Elle se compose d’une caisse en bois, longue, remplie de pesouts et faisant équilibre à deux grosses pierres (ou à des poids de fonte), que l’on nomme poids ou contrepoids, suspendues à deux cordes enroulées deux ou trois fois autour de l’ensouple ou rouleau de derrière. Les cordes se nomment cordeliers.

Cet appareil, par le frottement, empêche l’ensouple de tourner trop facilement et tient la chaine tendue. Le nom de besace vient de ce que la caisse est considérée comme une besace où l’on met des pierres, comme des morceaux de pain dans la besace d’un gueux.

Bascule montante. — C’est la bascule à besace avec cette différence que la corde étant fixée sur le rouleau à un pedone ou dent de bois, la bascule monte à mesure que la longueur avance. Quand elle va pour toucher le rouleau, on la fait redescendre. Cette bascule ne donne pas les petites secousses que donne la bascule à besace ordinaire.

La bascule à besace était celle de notre atelier, et je crois bien que c’était la seule usitée alors ; mais il est plusieurs autres types, fondés sur le principe du levier. Dans l’un la bascule se compose d’une corde fixe, qu’on appelle talon, tendue parallèlement au rouleau et en dessous de lui. Au talon, près du pied du métier, est attachée perpendiculairement une autre corde qui s’enroule deux ou trois fois autour du rouleau, puis vient se boucler sur un levier à coches, mobile autour d’un point fixe. Le levier tire sur la corde au moyen d’un poids à son extrémité. C’est, on le voit, un levier du 2e genre. Cette bascule permet, en avançant ou en reculant le poids sur le levier, comme dans la romaine, de graduer la tension de la chaine. — D’autres fois le talon, au lieu d’être une corde, est simplement un crochet en fer fixé au pied du métier.

Bascule à rouleau. — Elle consiste dans un petit rouleau, placé sur l’ensouple, et qui lui est parallèle. Au milieu de ce rouleau est fixé un levier qui porte un poids, comme dans le type précédent. Sur ce rouleau sont fixées les extrémités de deux cordes qui s’enroulent deux fois autour de l’ensouple et dont les extrémités opposées sont attachées à une barre immobile en dessous du petit rouleau. Le levier agit sur la tension des cordes et celles-ci sur le déroulement de l’ensouple.

On voit qu’en définitive les bascules sont des freins, dont les trois derniers types sont actionnés par des leviers. Il existe une troisième sorte de bascule, nommée valet à frottement (voy. ce mot).

BASILE, s. m. — Imbécile, niais, mais non « fourbe ». Vraisemblablement une fausse interprétation de la signification du mot depuis Beaumarchais.