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BARFOUILLAGE, s. m. — Action de barfouiller ; conséquence de l’action de barfouiller. Avec leurs cancans, leurs cotters, leurs piapias, leurs potins, les femmes ne sont bonnes qu’à faire des barfouillages qui, par après, sont cause de la brouille d’honnêtes gens.

BARFOUILLE-BACHAT, s.m. — Expression figurée, généralement réservée à la poésie lyrique. Bredouillon, dans la plus haute expression du mot. Mot à mot le barfouille-bachat est celui qui barfouille dans un bachat, comme ferait, parlant par respect, un habillé de soie.

Possible, voyez-vous d’ici parmi vos connaissances plus d’un barfouille-bachat. Nommer personne serait délicat. Mais ne sont-ce pas des barfouille-bachats que ces gens persuadés que l’instabilité perpétuelle de la loi est le meilleur moyen de donner au peuple le goût de la légalité ; que de supprimer le religion et la morale est le meilleur moyen de rendre les hommes justes et bons ; que de supprimer le capital est le meilleur moyen d’enrichir le travail ; et qu’il n’est tel que l’anarchie pour assurer l’ordre ? — Voulez-vous que je vous le dise ? J’ai toujours pensé que le Peuple Souverain est le premier des barfouille-bachats. — Mais ça, c’est défendu de le dire. Il faut se contenter de le penser.

BARFOUILLER, v. n. — Fouiller dans un liquide malpropre, comme, parlant par respect, un cayon. Une supposition que vous voyez M. votre fils à table qui ne mange pas rigoureusement selon les lois édictées par Mme la comtesse de Vatenville dans sa Science du Monde : Petit cayon, lui direz-vous avec douceur, auras-tu bientôt fini de barfouiller dans ta soupe de gaude ?

BARFOUILLON, s. m. — Expression du même genre que barfouille-bachat, mais plus noble, et employée de préférence dans les discours académiques et les oraisons funèbres.

BARGINGESSES, s. f. pl. terme de canuserie. — Les pesouts que les bons canuts mettent dans la caisse de la bascule, à cette fin de la charger et de tenir la longueur tirante. — Si je sais d’où vient ce drôle de mot, je veux bien donner un baiser à Louise Michel.

BARICOLER, v. a. — Rayer de plusieurs couleurs, avec sens péjoratif. À la gare de la Ficelle : Vois don c’te grosse pontiaude, avè ce châle baricolé : y est-i pas la Mariette ? Si c’est pas, parlant par respect, la gandouse que monte à cheval ! — Corrupt. de barioler, sous l’influence de barre et de couleur, en patois colou. On a vu dans baricoler l’idée de faire des barres de diverses couleurs.

BARILLET, BARILLON, s. m. — Petit baril. — Nom d’homme, Barillon, membre du Conseil municipal sous Louis-Philippe et qui s’occupa beaucoup de questions de chemins de fer.

BARITEAU, s. m. (vieilli). — Tamis. — de buratare, cribler. On le trouve fréquemment dans les textes. J’ai quelque vague souvenir d’avoir entendu ce mot dans mon enfance, lorsqu’à Sainte-Foy, l’on voulait tamiser de la farine. Le diminulif barutellière est resté dans nos patois sous la forme barutelliri.

Nom d’homme, Baritel. Thierry, le photographe, avait épousé Mme Juliette Baritel.

BARRIQUOT, s. m. — Petit baril. — Diminutif de barrique.

BARJAQUE, s. f. — Personne qui a l’habitude de barjaquer. — Subst. verbal de barjaquer.

BARJAQUER, v. n. — Bavarder, jacasser de façon oiseuse ou inconsidérée. Ma bourgeoise barjaquait tout le temps en faisant ses canettes. — D’un supposé barjar, qui existe dans barja, en bas dauphinois parler, el en prov. bavarder ; à Plaisance barciacla. Barja est formé lui-même sur le prov. barja, bouche.

BARMAYER, v. n., terme du jeu de boule. — C’est un fréquentatif de balmer (voy. balme, barme).

BAROT, s. m. — Petit tombereau. — De bisrota, comme barotte (voy. burette), dont barot est le masc.

BAROULER, DÉBAROULER, v. n. — Rouler du haut en bas. Mon père me racontait qu’au XVIIIe siècle, on avait, une nuit, épié le moment où le Guet montait l’escalier du Change pour faire débarouler du sommet une barrique à demi remplie