Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30

en avoir présentement trente-six). « Où est ton père, Jeannette ? — À la bambane, pardi, pisque c’est dimanche. » Subs. verbal de se bambaner.

BAMBANER (SE), v. pr. — Flâner lentement, baguenauder. Mon bourgeois, qui était un moraliste, disait qu’il valait mieux s’occuper honnêtement à boire que de perdre son temps à se bambaner sans rien faire. C’est très juste. « Bambane-toi, mais ne t’enrouille pas, » dit un canut à sa navette dans une jolie chanson d’Ét. Blanc. — Du franç. populaire banban, boiteux, parce que, lorsqu’on se bambane, on marche en se balançant. Le mot banban doit venir lui-même de banban, cloche dans le langage enfantin, d’où bambaner, clocher, boiter. Comp. l’espagnol bambanear, vaciller.

BANBOCHE, s. f. — Pantoufle fourrée. L’hiver, à la ville, au coin du feu les bamboches, mais à la campagne les escarpins en peau de bois. — Corrompu de babouche. D’évidence le mot date du XVIIIe siècle où les turqueries furent mises à la mode. On ne connaissait pas très bien la babouche, mais la bamboche, si bien. D’où la substitution. Le sens aussi est dérivé, la bamboche étant en réalité une pantoufle et non une babouche.

BAN, s. m. — Sorte d’applaudissement collectif. Il y a deux sortes de ban : le ban chanté, le ban battu. Le premier se dit lorsque, dans un dîner, un des convives vient de chanter une chanson. Un autre convive se lève alors et chante le couplet du ban. Puis, à la reprise, tous les convives chantent tra la la… (tra la la, c’est l’applaudissement) sur le même air :



\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \key do \major
  \override Staff.Rest.style = #'classical
  \stemUp
  r4.^\markup { "Une voix :" } si4 si8 | si4 do8*4/3\( si_3 do\) | re8( re8.) si4. si16 | si4 do8*4/3\( si do\) | re8*3/2( re) re8 re mi | \break
  re4. do8 si la | si8*3/2\( sol\) re'8 re re | re4. do8 si la | sol4. r8_\markup { \lower #3 { "Tra la la (sur le même air)." } } \bar "||" s4^\markup { \smallCaps "Choeur" } \bar " " s2.
}
textA = \lyricmode {
  A Pa- ris, dans un par- terre, Quand un’ pièc’ a ré- us- si, On ap- plau- dit 
  c’est l’or- di- nai- re; A- mis, fai- sons de mêm’ i- ci.
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-4
  }
  \midi { \tempo 4 = 100 }
}
\header { tagline = ##f}

Mais sans doute qu’on a trouvé un peu banal ce couplet final de vaudeville et le plus souvent un convive chante, toujours sur l’air précédent, un couplet connu, mais sans rapport de sens avec ce qu’on vient de chanter. Par exemple un des convives, voix de ténor léger, vient de moduler avec tendresse :

Ce qu’il me faut à moi, quand la brise du soir
S’éveille avec amour au fond de la vallée…

Ou bien :

Dans ton vol joyeux et rapide,
Où t’en vas-tu, petit oiseau ?
Tu t’en vas et l’amour te guide, etc.

Un des convives entonne alors le Ban de la Canuse, que je reproduis en changeant un mot, rapport à la pudeur :

Un’ canuse très honnête,
Que logeait près de Saint-Just,
A laissé prendre une canette
Dans le questin de sa vertu.

chœur

Tra la la, Tra la la, etc.

Maintenant un ban sur un autre air favori. Celui-ci se chante surtout après la romance : Connais-tu le pays où fleurit l’oranger ?