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BABOCHER, v. a. — Faire des baboches. — De bavocher, fait sur bave.

BABOCHES, s. f. pl. — Bavures d’une couleur qui dépasse le trait fixé pour limite. — Subst. verbal de bavocher.

BABOUIN, s. m. — 1. Chrysalide du ver à soie, morte dans le cocon. Les pêcheurs s’en servent en guise d’appât. — Du mot d’oc babau, bête noire, farfadet.

2. Vilain museau, laide figure. Un bon père à son fils : Va don te torcher le babouin ! Du franç. baboin, singe.

Baiser le babouin. — Au jeu de la glissière, quand on a perdu, baiser l’empreinte d’un sou dans la glace. Le babouin, c’est l’effigie du souverain qui est sur le sou. Dans le Dict. d’Oudin, on trouve baiser le babouin, faire acte de soumission.

BABOUINES, s. f. pl. — Lèvres. — Corruption du franc. babines, sous l’influence de babouin.

BACCHANAL, s. m. — Grand bruit, boucan. J’ai z’été à la Chambre. Quel bacchanal ! Il y a maintenant à Lyon toute espèce de bière, excepté la vieille bière lyonnaise. C’est du bock-ale, du pale-ale, du scotch-ale, et même quelquefois, dans les brasseries le dimanche, du bacchan-ale.

BACHASSE, s. f. — Auge dans laquelle on donne à manger aux bestiaux, aux cayons. C’est bachat avec le suffixe augmentatif asse.

BACHASSÉE, s. f. — Une pleine bachasse. Lorsqu’un ami vous sert à table, c’est une manière polie de s’excuser que de dire : Oh ! vous m’en servez une bachassée !

BACHASSER. — Un toit qui bachasse. Se dit d’un toit qui creuse par le fléchissement des charpentes.

BACHAT, s. m. — Auge en pierre qui se place sous la pompe pour recevoir l’eau. — Du bas latin bacca, à la fois bateau et vase pour contenir de l’eau. Ainsi vaisseau signifie à la fois navire et vase.

BACHÉ, ÉE, adj. — Habillé, ée. Ne s’emploie qu’avec les adv. bien ou mal. Cette dame est bien bâchée. — Oui, mais faudrait voir ça au déballage.

BACHIQUE, adj. des 2 g. — Original, bizarre, comique. Une idée bachique. — Quand on a trop fêté le candide Bassareu, en effet, on a des idées bachiques, ce qui vaut autant à dire comme des idées d’ivrognes.

BACHOT, s. m. — 1. Tout petit batelet. 2. Se dit aussi du bachu et surtout du batelet qui contient le bachu (v. ce mot).

BACHU, s. m. — Coffre percé de trous, que l’on immerge pour conserver le poisson vivant. Le dessus est mobile et se ferme avec un cadenas. Quelquefois le bachu fait partie du bateau même. — De bacca (voy. bachat). Le suffixe u représente orium.

BACON, s. m. — 1. Lard. — 2. Chair salée de pore. Vieilli. — Vieux franç. bacon, du vieux haut allem. bacho, jambon.

BADE. À la bade, loc. adv. — Au dehors, en liberté. Où don la Margot ? — T’as laissé la cage ouverte, arrimais elle est à la bade. — Où don ta femme ? — À la bade, comme la Margot. — D’un subs. verbal d’abader, d’où l’abade, la bade.

BADINAGE, s. m. — Quel mot charmant, n’est-ce pas, quand nous étions petits gones ? Rien que le son en était une musique, car pour nous, de Lyon, un badinage c’est un jouet. Des soldats d’étain, à l’habit bleu de ciel, bien astiqué, que l’on range sur la table, et sur lesquels on tire des boulets en moelle de sureau au moyen de canons qui ont un ressort dans la culasse : badinage. D’autres soldats, en bois vernissé, un peu gluants, que l’on pique sur un treillis de minces lamelles en losanges articulés, et que l’on fait mettre tantôt en bataille, tantôt en ordre profond, tantôt défiler deux à deux, suivant que l’on serre ou que l’on élargit les branches du premier losange : badinage. Un âne blanc, taché de noir, avec des paniers, qui siffle de la queue (jouet classique) : badinage. Un chien sur un piédestal qui fait ouah ! ouah ! quand on appuie sur la pédale : badinage. Jusqu’à ces fantaisies stercorales, imitations en carton, admirables dans l’ignoble, que l’on vendait au passage Coudert, et qui faisaient rire nos pères, dont rien ne choquait la délicatesse. Dans les maisons amies de la gaité, on en mettait à table sous les serviettes, à la campagne spécialement.