Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est-on parvenu à voir dans cet outil une analogie avec l’os qui s’étend de l’œil à l’oreille ?

TEMPS. — Un temps foireux. Voy. foireux. — Un temps malade. Voy. malade. — Un temps de dame. Voy. dame. — Un temps pourri. Voy. pourri. — Un temps à ne pas se laisser le sou dans la poche. Voy. poche.

Il faut prendre le temps comme il vient, les gens pour ce qu’ils sont, et l’argent pour ce qu’il vaut. Proverbe admirable que l’on devrait avoir toujours présent à l’esprit. Mon maître d’apprentissage le complétait en ajoutant : et les femmes pour ce qu’elles ne sont pas. Il entendait que là seulement il fallait avoir des illusions, ce genre d’illusions étant si doux. Ô sage !

Une heure de temps, deux heures de temps. Voy. heure.

Le père Dèchetet est mort. — Quel âge avait-il ? — Il était dans ses nonante. — Que voulez-vous, bonnes gens, il avait fait son temps. Expression que vous entendrez toutes les fois qu’il sera question de la mort d’un vieillard. — Allusion au temps du service militaire.

Vous aurez meilleur temps de passer par la grand’route, Cela vous sera plus commode. — Curieuse dérivation de l’idée de temps.

Du temps que, Pendant que, tandis que. Je m’en vas faire l’omelette du temps que t’iras à la cave.

TENAILLER, s. m. — Cellier pour les cuves. — De tine, cuve. Il est probable que les grandes tines, les cuves, se sont appelées tinailles. Comp. futaille, de fût.

Tenailler ou tinailler se disent dans le Bugey et le Mâconnais. Dans le lyonnais on dit cuvier.

TENAILLES. — Monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien. — C’était un peu ma manière.

TENDRE. — Tendre comme de bave. Voy. bave. — Tendre comme la rosée. Voy. rosée.

TENDRIÈRE, s. f., terme de carrier et de tailleur de pierre. — Partie friable d’une pierre de taille ou d’un rocher exploitable. — De tendre.

TENDUE, s. f. — Toile destinée à couvrir les bateaux.

TENIR. — Tenir coup. Voy. coup. — Tenir tati. Voy. tati.

Tenir tirant, Est aux canuts ce qu’est tenir tati aux mariniers. Un supposé que vous allez rendre visite à un ami malade : Allons, mon vieux, lui direz-vous en manière d’encouragement, tiens tirant ! Autant dire : « Tâche moyen de ne pas le laisser glisser ! » J’entendais un jour la Marion, de Saint-Laurent-d’Agny (elle était canuse), qui disait à sa mère : Môre, lo grand Coyôrd, la Têta-blanchi, i est-i pôs voutron parrain ? — Oua. A causa ? — A causa de rin. Ah, varmina ! l’outro djor, voliet-t’i pôs !… — O y equiet par plésantô ! — Plésantôve rin du tot ! Se j’aviè pôs tegni tirant !…

De ce que, en canuserie, pour faire de la bonne ouvrage, il faut tenir la longueur toujours tirante, et régulièrement tirante.

Tenir pied, aux boules, Tenir, en jouant, le pied sur la raie qui marque l’endroit d’où l’on joue. Veux-tu bien tenir pied ! — Au fig. Je le forcerai bien à tenir pied, c’est-à-dire à ne pas se départir du droit chemin. — Être assidu à un travail, veiller de près une affaire. Quand on a l’honneur d’être canut faut teni pied à l’ouvrage.

Tenir de rejuint, Tenir quelqu’un serré, sans lui laisser sa liberté. La Pierrette, c’est une fille que faut teni de rejuint. Cela s’entend, Tenir près de soi.

Tenir une marchandise, en parlant d’un marchand. Le bazar tient-il des seringues ? (ou toute autre marchandise).

TENTATIF, adj. — Tentant. Ne s’emploie guère qu’avec le pronom neutre. La Therèse a un petit, mais elle a six mille francs devant elle. C’est bien tentatif. — Tentatif est incorrect, mais tentant est horrible.

TENTE, s. f. — Banne au-devant des magasins. — De tenta, participe de tendere.

TENUE, s. f., terme de canuserie. — Se dit de plusieurs fils de la chaîne qui sont capiyés, et par ainsi ne peuvent pas passer dans le remisse. Manquablement ça fait vilain.

TERMOYER, v. n. — 1. Prolonger le temps d’un payement. Le désordre de ses affaires l’a forcé de termoyer.

2. Ajourner, temporiser. Dans toutes les affaires, il n’est bon qu’à termoyer sans rien finir.