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SOLEIL, s. m. — Tournesol, helianthus. — Ainsi nommé de la forme caractéristique de la fleur.

SOLETTE, s. f. — Semelle de bas. Ces bas seront encore bons en y rapportant des solettes. — De sola pour solum.

SOMMIER, s. m. — Grosse poutre. — Du vieux franç. sommier, cheval de charge, de sagmarium. Le sommier est comparé au cheval qui supporte. Comp. poutre, pièce de bois, du vieux franç. poutre, jument.

SON, s. m. — Son de bière, Orge cuit, qui a servi à faire la bière, et que les brasseurs vendent aux laitières. On dit que cette nourriture augmente le lait des vaches, mais le rend plus clair. Ce que je sais bien, c’est qu’à la maison, chaque hiver, le lait de notre laitière devenant plus clair et moins bon, on lui adressait de vives objurgations sur ce qu’elle nourrissait ses vaches au son de bière, ce dont, indispensablement, elle se défendait. Mais que deviendrait tout le son de bière, s’il n’était pas consommé par les vaches ?

SORCIER, s. m. — Sorciers de Montélimar : quand ils ont le nez dessus, ils disent que ça en est.

SORCILÉGE, s. m. — Sortilège. — C’est sortilège, influencé par sorcier.

SOREILLER (SE), v. pr. — Se chauffer au soleil. — C’est soleiller, avec changement d’l en r.

SORT. — Partir pour son sort. Voy. partir.

SORTIR au sens actif. — Oh, l’influence du lyonnais ! Le digne Molard, après s’être lancé dans de subtiles explications sur l’emploi de l’auxiliaire être et de l’auxiliaire avoir avec le verbe sortir, à propos de quoi les fautes ou prétendues fautes sont si difficiles à discerner, donne pour exemple : J’ai sorti mon habit de l’armoire (!!), en expliquant qu’ici il faut le verbe avoir. — Après cela, il est certain qu’il eût été encore plus incorrect de dire : Je suis sorti mon habit de l’armoire.

V. n. — Sortir dehors, pléonasme très usité comme monter en haut, etc.

Sortir de là comme d’une église. Voyez église.

Ça me sort par les yeux, J’en ai tant vu, tant mangé, ou tant autre chose, que je n’en peux plus supporter la vue ni l’idée. Dans sa lettre du 17 avril 1671, Mme de Sévigné désigne, sous une forme expressive, tout ce qui à son fils sortait par les yeux.

Suivi d’un infinitif. — Se dit d’un évènement qui vient de se produire : M, Petouillard y est-il ? — Il sort justement de rentrer.

SORTU, partic. — Sorti. — Sortu répond à un verbe sôtre (de sortere pour sortiri), qui existe en effet en patois. Voy. repentu.

SOTTISES. — Mes cheveux sont arrangés comme une poignée de sottises. Se dit également de toute autre chose. On conçoit en effet qu’une poignée d’injures soit arrangée sans beaucoup de soin.

SOU, s. m. — Un sou simple, Un sou de cinq centimes. Un sou double, Un sou de dix centimes.

Faire cinq sous. Voy. faire.

SOUBARDBE, s. f., terme de charpenterie. — Pièce de bois courte, formant console, encastrée dans un mur, et placée sous une pièce longitudinale de grande longueur pour la soulager.

SOUCARRE (mal à propos orthographié par Molard soucard), s. m. — Gousset, pièce à la partie de la manche d’une chemise correspondant à l’aisselle. — De sous, prépos., et carre, angle : pièce sous l’angle de la manche et du corps de la chemise.

SOUCHE, s. f. — 1. Grosse racine d’arbre. La Souche ou la Grobe de Noël, énorme bûche que l’on met au feu de Noël.

2. Se dit d’un tronc d’arbre ébranché.

3. Tronc de cep de vigne. Acheter une voiture de souches.

Souche de cheminée, terme de construction. — Corps de la cheminée au-dessus du toit.

SOUCIER (SE). — Grangier blâme la phrase suivante : « Lequel prendrez-vous ? — Je ne me soucie pas lequel. » À son sens, il faudrait duquel. Pourtant Littré cite l’exemple : « Je ne me soucie pas qui fera les vignes après moi. »

SOUFFLER. — Souffler comme un phoque. Se dit de quelqu’un de très essoufflé. Je