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SIGLOT, s. m. — Sabot. Paraît en relation avec le dauphinois esclio, encore bien qu’il soit impossible d’expliquer la dérivation.

SINGE. — Adroit de ses mains comme un singe de sa queue. Voy. adroit.

Il ne faut pas apprendre aux vieux singes à faire des grimaces, Il ne faut pas vouloir donner des leçons à ceux qui en savent plus que nous.

SINGOTTE, s. f. — Averse, radée, et aussi correction, secouée.

SIROP. — Sirop de tordeuse, Eau d’arquebuse. — Les tordeuses sont renommées pour l’arquebuse.

SISSELANDE, s. f. — Grande barque dont l’avant est relevé, et l’arrière coupé verticalement. — De Seyssel, lieu où ces barques sont construites, avec un suffixe ande, par analogie avec le féminin des noms d’habitants de plusieurs pays : Normande, Flamande, Allemande.

SIX. — À la six quatre deux. Équivaut à De sept en quatorze (voy. sept). Il a fait ce livre à la six quatre deux, Très à la hâte, sans soin dans le détail.

SMILLE, s. f., terme de taille de pierre. — Marteau à pointe qui sert à dresser le parement des moellons esmillés. — Subst. verbal de smiller.

SMILLER, v. a. — Dresser le parement des moellons esmillés (voy. ce mot).

SOCANE, s. f. — Trempotte de pain dans du vin sucré. Faire une socane. — Appartient peut-être à la famille de secouer.

SOI-DISANT, loc. adverbiale. — 1. En apparence. Elle voulait aller soi-disant chez sa tante, mais c’était une frime.

2. Prétendu, ue. Il a reçu en paiement des actions d’un soi-disant chemin de fer du Mont-Blanc. En français, soi-disant, comme l’indique le sens, est un adjectif qui ne peut se placer que devant les noms de personnes, et, paraît-il, aussi devant les noms d’animaux, car je lisais naguère dans un journal de Lyon : Un chien soi-disant enragé. — Est-on bien sûr que ce soit lui qui l’ait dit ?

SOIF. — Avoir faim comme le Rhône à soif. Voy. faim.

Les morceaux lui ôtent la soif. Se dit lorsqu’on voit quelqu’un manger comme un avanglé. — De ce que, lorsqu’on a une faim canife, on ne prend pas le temps de boire, car, en réalité (du moins à ce que prétendait un membre de l’Académie des Sciences qui a bien voulu me l’expliquer), les morceaux ne désaltèrent pas.

SOIF, s. f. — Ablette, cyprinus alburnus. — Origine inconnue.

SOIGNER, v. a. — 1. Guetter. Que fais-tu là au froid ? — Je soigne la Jeanne qu’a été rendre. — S’emploie très bien suivi d’un infinitif : Je soigne venir l’omnibus.

2. Veiller. Il faut soigner les filles comme le lait sur le feu ou comme l’huile bouillante. Toutes ces dérivations de sens viennent de l’idée générale de soin. On met du soin à regarder si l’omnibus vient, si le lait ne se sauve pas, etc.

SOIN. — J’en aurai du soin, pour J’en aurai soin. Très répandu.

SOIR. — Le côté de soir. La même chose que le côté de matin, exceplé que c’est tout le contraire. Voy. matin.

SOIXANTAINE. — Être dans la soixantaine… Être dans les soixante ans, Être sexagénaire. Croyablement, on dirait aussi bien être dans la cinquantaine, etc.

SOLDATS-GAROTS, ou simplement GAROTS. — Avant la Révolution c’était le nom péjoratif donné par le peuple aux sergents au service du Consulat. Le nom s’est conservé durant tout le premier tiers du siècle, appliqué, je crois, aux agents de police. — Garot paraît un subst. verbal de garrotter.

SOLEIL. — Au rabi-soleil. Voy. rabi.

Quand le soleil est couché il y a bien des bêtes à l’ombre, Proverbe trop juste !

Compagnon du Soleil… Membre de la Compagnie du Soleil, Membre de la société des Bras-Neufs, loupe, etc. — Parce que, censément, les compagnons du Soleil remondent soigneusement la longueur des Tapis quand il fait soleil. En ville, on dit de préférence Inspecteur des pavés.