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un endroit garni de grands arbres plantés régulièrement et où l’on joue communément aux boules, mais que je n’ai entendues que dans nos pays. J’ai même été repris pour avoir dit salle d’arbres, ignorant que pour les Parisiens il faut dire un couvert, mot incompréhensible pour nous.

SALOPETTE, s. f. — Serviette. Fais-moi passer ma salopette. Il est familier.

SALOPIAUD, s. m. — Terme du dernier méprisant. L’expression s’entend à la fois du physique et du moral (voy. graillon).

SALSIFIS, s. m. — La queue de cheveux de Guignol, serrée et noire comme le légume du même nom.

SAMBLOTE. — Juron inoffensif et paisible que se permettent les personnes les plus timorées. Peut-être ignorent-elles que samblote est pour sang-bleu, qui était pour sang-Dieu.

SAMPILLE, s. f. — Guenille. Au fig. Vagabond, vaurien, guenillard. Aussi, Femme de bas étage et de mauvaise vie.

Un jour, à la tombée de la nuit, je descendais le Jardin des plantes. Je croisai une jeune fille avec un officier. Deux femmes descendaient près de moi. L’une dit : Est-ce pas la Maria ? — Eh oui ! — Ah, sampille !! — Non, non, nul acteur au monde ne pourrait rendre tout ce qu’il y avait dans ce mot sampille ! — Subst. verbal de sampiller.

SAMPILLER, v. a. — Déchirer de façon à mettre en guenilles. Se sampiller, s’entre-déchirer en se battant. — Du vieux franç. peille, lambeau ; patois peilli, guenille, et d’une particule sam, san qui, en lyonnais et en provençal, a pris le sens de secouer, agiter. Comp. sansouiller et sandrouiller, tremper dans l’eau en secouant.

SAMPILLERIE, s. f. — État d’objets déchirés. Ces chemises, c’est de la sampillerie ! — Au fig., terme collectif et péjoratif, Vagabonds, gens sans aveu, gens méprisables. Tout ça, c’est de la sampillerie de monde ! — De sampiller.

SANDROUILLE, s. f. — Personne qui n’a point d’ordre, point de soin, qui fait les choses malproprement. Mon Guieu, que cete apprentisse est don sandrouille !

SANDROUILLER, v. a. — Tremper dans l’eau en secouant, avec sens péjoratif. — Fait sur drouille (voy. ce mot) avec le préfixe san (voy. sampille, sansouiller). L’idée a été d’abord d’un linge trempé, puis s’est étendue à toute chose trempée en général.

SANG. — Être d’un gros sang. Voy. gros.

Le sang lui bout derrière les oreilles. Voy. oreille.

Sang maillé. Voy. maillé.

Faire venir (devenir) le sang tout rouge. Se dit des grandes, grandes émotions. Quand j’ai vu le chat tomber par la fenêtre, ça m’a fait venir le sanque tout rouge !

On ne peut pas sortir du sang d’une pierre, Où il n’y a rien, le roi perd ses droits, on ne peut pas tirer de l’argent d’un débiteur qui n’a rien.

Elle est malade depuis qu’elle a eu les sangs tournés (ou retournés). Voy. retourner.

Cete fenne, avè ses criages, elle me boit les sangs, Elle me mine, me tue ; mais le plus souvent doit se traduire simplement par elle m’enquiquine.

Se faire du bon sang, du mauvais sang. Voy. sens.

Le sang me fait la guerre. Voyez guerre.

SANGER, v. n. — Changer. Comme vous n’avez sangé depuis que je vous oye vu ! Vous sembliez un cul de becfi, vous semblez maintenant un christaudinos. Exemple de dissimilation. Le voisinage de deux gutturales douces ch, j, est pénible au prononcer.

SANGLE, s. f. — 1. Terme de batellerie. Les membrures d’un bateau sont fixées aux extrémités par deux moises qui forment la bande (voy. ce mot) ; la sangle est la moise intérieure. — De cingula, parce que la moise ceint les flancs du bateau.

2. Terme de charpenterie. — Plateau brut, placé verticalement, et qui, maintenu par des étendards ou des étrésillons, sert à retenir la poussée des terres ou d’un mur.

Être dans la sangle, Être dans la grande gêne. Très usité. On dit aussi : Je vas mettre le restant de mes liards à m’acheter une sangle. — De cette idée que l’on