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ROQUILLE, s. f. — 1. Fiole de forme fuselée.

2. Mesure de liquide dont le souvenir seulement s’est conservé dans l’expression Boire une roquille, Boire à deux chacun son petit verre d’eau-de-vie. — Du vieux haut allem. rocco, quenouille, à cause de la forme en fuseau de la fiole. De fiole, le sens a passé à celui de mesure de liquide.

ROSÉE. — Ce gigot est tendre comme la rosée. Métaphore constamment usitée. On dit aussi tendre comme de bave (voy. bave).

ROSSARD, s. m, — 1. Fainéant dans les moelles, propre à rien.

2. Terme d’amitié. — Quelle chance de te rencontrer, grand rossard ! Viens vite boire pot !

ROSSARDER, v. n. — Fainéanter.

ROSSÉE, s. f. — Volée de coups. — De rosser.

ROSSIGNOL, s. m. — Marchandise ancienne et passée de mode. L’art du parfait marchand consiste à faire passer des rossignols pour des nouveautés. — Je ne saisis pas du tout la métaphore.

Rossignol à glands, parlant par respect, Habillé de soie.

Rossignol de boutasse, Crapaud ou grenouille.

ROTI, ROTIR. — Rôti, Rôtir. Nous faisons toujours l’o très bref dans ces deux mots. Je reconnais que ce n’est pas la prononciation classique.

S’endormir sur le rôti. Voy. endormir.

RÔTIE, s. f. — Une rôtie de crasse de beurre, de melasse, etc., Une tartine de crasse de beurre, etc. Mme  Roland, qui avait habité Lyon, en avait retenu ce « lyonnaisisme » : « J’ai fait plus d’un déjeûner en mettant de la cendre, au lieu de sel, sur une rôtie de beurre par esprit de pénitence. » — Le mot de rôtie s’appliquait primitivement à une tranche de pain rôtie et beurrée, qu’on prenait dans le thé, puis il s’est appliqué à la tranche de pain beurré, même quand elle n’était plus rôtie, et finalement à toute espèce de tranches recouvertes de quelque chose de bon.

Rôtie au sucre, Tranche de pain grillé, bien saupoudrée de sucre et trempée dans du vin chaud où l’on a mis infuser un peu de cannelle. Cette rôtie est surtout pour les accouchées. Ma mère m’a souvent raconté que lorsqu’elle accoucha de mon frère Jean, en 1814, le sucre était à six francs la livre. Elle ajoutait combien elle était reconnaissante à mon père de ne l’avoir jamais laissée manquer de ses deux rôties au sucre par jour, tout le temps de ses relevailles, encore bien qu’à la maison l’on ne fût pas riche, et que l’année fût si cruelle.

ROUE. — Roue de charrette. Métaphore pour un écu de six francs, aujourd’hui de cinq, en argot, roue de derrière. Les Anglais disent a hind coach wheel (une roue de derrière), pour une pièce de cinq shillings, et a fore coach wheel (une roue de devant) pour une pièce de deux shillings et demi.

ROUENNIER (rouanié), s. m. — Marchand de mouchenez et autres toileries fabriquées à Rouen. On dit plus volontiers rrmarchand de pattes à briquet.

ROUET, s. m. — Rouet à canettes, terme de canut, Ustensile à roue, qui sert à faire des canettes.

Le chat mène son rouet. Se dit du chat lorsqu’il dit son chapelet (voy. ce mot).

ROUGE, s. des 2g. — Se dit d’un homme ou d’une femme qui a les cheveux blond ardent. Il est venu ce gros rouge. On dit aussi Avoir les cheveux rouges.

Têtu comme un âne rouge. Voy. âne.

Rouge comme un c… fessé (parlant par respect). Lorsque, petit gone, je rentrais de courir au rabi-soleil, tête nue et couvert de sueur, ma bonne mère me grondait : Allons, te voilà encore rouge comme un cul fessé ! Et puis, quand tu auras une bonne maladie, la petouge sera pour la maman ! Alors je l’embrassais, je faisais mon puyant, et elle me pardonnait.

Avoir la figure rouge comme un automate. Automate ou tomate, il y a si peu de différence que cela n’en vaut pas la peine.

ROUGEUR. — Rougeur du matin fait tourner le moulin. La rougeur du matin est signe de vent. Ce proverbe ne doit pas avoir une origine lyonnaise, les moulins à vent n’étant guère connus chez nous.

ROULEAU, s. m., terme de canuserie. — Il y en a deux principaux : 1° Le rouleau de derrière ou ensouple sur lequelest enroulée la chaîne qui se déroule au fur et à mesure