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ARTISONNEUX, EUSE, adj. — Se dit du bois qui a des artisons. Si vous achetez votre lit de noces au Cupelu, prenez bien garde qu’il ne soit pas artisonneux, parce que cela fait des appartements pour les bardanes.

ARTON, s. m. — Pain. Ne s’emploie plus que dans les expressions : Quel troc d’arton !… Donne-moi une chique d’arton, et autres de ce genre. On ne va pas « acheter de l’arton ». D’Αρτον, par un bas latin artonum.

ARTOUPAN, s. m. — Mauvais sujet. Il y a une signification péjorative croissante dans ces trois mots : artet, artignole, artoupan, tous dérivés du vieux franç. arteus. Oupan est un suffixe de fantaisie pour accuser le caractère.

ASCENSION. — À l’Ascension, des cerises sur le pont. — L’origine du proverbe, d’après des anciens, serait un cerisier qui avait pris racine entre les pierres, sur un éperon du Pont du Change, et qui avait communément des cerises à l’Ascension.

AS DE PIQUE. — Éminence triangulaire qui sert de couronnement à l’édifice du croupion chez les poulailles, canards, etc. À un festin de noces, le père de la mariée au jeune frère de celle-ci : Cadet, veux-tu le perrier ? — Non, p’pa, j’aime mieux l’as de pique.

Si bien qu’on approprie l’as de pique, il garde toujours le goût, pour dire que l’on ne peut jamais corriger complètement les penchants naturels.

De la forme de la chose, qui est très exactement celle d’un as de pique.

On dit aussi : Me prends-tu pour un as de pique ? pour : « tu me laisses là campé ? »

ASPERGÈS, s. m. — 1. Goupillon. D’un prêtre qui officie bien, l’on dit en manière de louange qu’il est venu au monde l’aspergès à la main.

2. La cérémonie qui précède la messe. Je suis arrivé à l’aspergès. — D’Asperges, premier mot de l’antienne chantée à la cérémonie. Aussi les personnes qui savent le latin disent de préférence un aspergès meis, ce qui est très bon latin, puisque les premiers mots de l’antienne sont : asperges me hys | opo

ASSASSINER. — Assassiner un travail, un ouvrage. Cette expression dépréciante est plus particulière au bâtiment. Une fois je regardais une pierre de choin mal taillée et me fâchais : Ah, mecieu Puitspelu, faisait la coterie, cette pierre est si résistante ! — C’est cela, elle vous résistait et vous l’avez assassinée ! Le malheureux n’avait jamais vu jouer Antony, il ne comprit pas.

ASSOLIDER, v. a. Consolider. C’te table branlicote, faut l’assolider. — Fait sur solide, avec le préfixe a, de ad. Comp. assainir, assaillir, assécher, etc.

ASTHME, adj. des 2 g. — Asthmatique. Que voulez-vous, bonnes gens, en partie tous les vieux Lyonnais sont asthmes. C’est les brouillards. — Sur cette « adjectivation » du substantif, comp. le vieux franc. crampe pour atteint de la crampe.

ATOUSER, v. a — I te lui a atousé un emplon ! — D’atout, lorsque déjà le t final était tombé dans la prononciation.

ATOUT, s. m. — Coup, gifle, donner, recevoir un atout. Un mari ne doit jamais donner un atout à sa femme sans une urgente nécessité. — De l’impression désagréable éprouvée par le joueur qui voit tomber un atout de la main de son adversaire. Ce mot, si répandu, est tout récent. On ne le trouve dans aucune pièce ancienne.

ATTATTENDS ! — Interjection qui se prononce en frappant du pied sur le temps fort, non, je veux dire sur le ttends fort, dans les grandes occasions, par exemple si vous bichez le gone qu’est après la molette de beurre, ou votre femme qu’est en conversation trop chaleureuse. Le gone, votre femme, sentent tout de suite que cela va mal tourner. — C’est attends, avec un redoublement intensif. Ces tt sont instinctifs. Quand il lance un chien, le piqueur fait : ta ! ta ! ta !

ATTEINTE. — Atteinte de voix, Extinction de voix. Atteinte est pour éteinte, et éteinte pour extinction.

ATTENANT, adv. — Sans discontinuer, d’affilée. Pour prendre appétit nous ons fait dix-sept parties de boules attenant.

ATTIRÉE, s. f. — Lieu où l’on a l’habitude d’aller aussitôt qu’on en a le loisir. Le Toine nous scie le dos, il a pris une attirée chez nous tous les dimanches. (P. B.)

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