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n’ont pas la même signilication. Le ressemelage est l’action de rapporter les carrelures. Mais il est vrai qu’en 1810 ressemelage n’était pas au dictionnaire. Il y a été admis en 1835, et aujourd’hui personne ne sait ce que veut dire carrelure.

Raccommodement, et aussi régularisation d’une union de la main gauche. Tout ça ne tient guère.

RESSERRE, s. f. — À la campagne, pièce qui sert à renfermer les outils de jardinage, les gros ustensiles, le banc de menuisier et les outils pour chapuser, etc. La resserre n’est pas la même chose que le débarras, où l’on met seulement les objets hors d’usage. — Subst. verbalde resserrer, pris au sens de ranger, fermer.

RESTANT. — Le restant de mes écus. Expression de tendresse. Le p’pa, en voyant arriver le petit culot dans son tintebien : Velà le restant de mes écus que s’amène !

RESTER. — Tu me restes devoir vingt sous. Tournure qui, pour manquer un peu de correction, n’en est pas moins claire,

Je suis resté un mois pour faire ma pièce, pour J’ai mis un mois pour faire me pièce. — Je reste en rue Pisse-truie, pour Je demeure en rue Pisse-truie.

RESTIN, s. m., terme de canuserie. — Bobine recreusée sur laquelle sont pliés les cordons de la pièce, lorsque ces cordons font une armure différente du fond. Pour tenir le cordon tirant, le restin a deux colliers, un de chaque côté, auxquels on suspend des poids. Le restin est ainsi une ensouple en petit. Les restins, au nombre de deux, sont passés à une tringle en dessous du rouleau de derrière. — Paraît fait sur reste, vraisemblablement parce qu’à l’origine, le restin utilisait des restes de soie.

RETAILLES, s. f. pl. — Lorsque le charcutier vend du jambon, pour contenter la pratique il enlève le bord rance ou le morceau cartilagineux ; de même, lorsqu’on arrive à l’os, il enlève les derniers restes de chair adhérente ; enfin il y a ainsi en charcuterie une foule de menus débris qui constituent les retailles, vendues à bas prix aux enfants et aux pauvres gens. — Subst. verbal de retailler.

RÉTAMAGE, s. m. Étamage. RÉTAMER, v. a. — Étamer.

RÉTAMEUR, s. m. — Étameur. Enfin ! l’Académie s’est décidée à recevoir ces termes si usités. Mais c’est en vain que, pour se justifier, elle explique subtilement que rétamer, c’est « pratiquer de temps en temps l’opération de l’étamage ». On fait aussi bien rétamer une casserole qui n’a jamais été étamée. Re est ici purement explétif comme dans tant d’autres cas.

RETAPE (LA). — C’était le nom vulgaire de la Rotonde, salle circulaire, rue de Sèze, aux Brotteaux, servant à des bals qui sentaient par trop le peuple souverain. Retape, dans l’argot des souteneurs et des filles, signifie raccrochage, mais j’ignore l’origine de ce mot.

RETAPER, v. a. — 1. Des cheveux retapés. Eacore une expression proscrite par Molard, qui veut qu’on dise cheveux tapés. L’Académie, en 1798, donnait pourtant l’exemple : Cheveux retapés. La première édition de Molard est de 1792. Il s’y est appuyé sur le Diction. de l’Acad. de 1762. Dans les éditions postérieures à 1798 jusqu’en 1810 (je n’ai pas pu me procurer celle de 1813), il n’a pas tenu compte des changements apportés par la 5e édition du Dict. de l’Acad. (1798). Son siège était fait. Il mentionne quelquefois le dictionnaire de Gattel (1797), lexicographe lyonnais qui eut de la réputation.

2. Au figuré, Remettre quelque chose en état de servir. J’ai déjà servi ce discours en réunion publique, disait un éloquent député radical, mais en le retapant, il sera bien bon pour la tribune.

RETENIR. — Grangier ne veut pas qu’on dise : Qu’est-ce qui vous retient de partir ? retenir, suivant lui, ne se pouvant prendre au sens d’empêcher. Qu’ils sont désagréables ces pédants ! « Cette considération ne m’a jamais retenu de faire ce que j’ai cru bon et utile, » dit Jean-Jacques (dans Littré), usant d’une façon de parler que Corneille et Mme  de Maintenon avaient employée avant lui.

RETENUE, s. f., terme de construction. — Petite bordure, le plus souvent en pierre, et ayant pour but de retenir le bord d’une couche de béton, de terre ou de briques. — Métonymie pour retenant.

RETINTON, s. m. — Reste, retour. Le retinton d’une maladie, le reste, le retour d’une