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est signalé par Humbert comme n’étant pas français ; et en effet, ce n’est que dans sa dernière édition que l’Académie l’a fait figurer. Mais d’ailleurs il ne faudrait pas croire qu’il n’y eût de français que les termes qui sont au dictionnaire de l’Académie.

RAVE. — Rave cuite. Qualificatif péjoratif pour des gens qui ne méritent pas d’être pris au sérieux. X… et Z… sont des entrepreneurs de rave cuite… M. Bousard est une rave cuite ! — De ce que la rave cuite n’est pas d’une belle résistance. Comp. Mme  de Sévigné qui disait de son fils qu’il avait « un cœur de citrouille fricassée dans de la neige ».

Petites raves. Voy. Petites.

RAVICOLER, v. a. — Raviver, rendre de la vigueur. J’avions l’hiver dans le corps. Ce bon feu et ce verre de tormentine m’ont ravicolé. — Du vieux prov. raviscolar, fait sur vescus, vivant ; de viscum.

RAYER, v. a. — Régler. Le petit écrit déjà sans se rayer, Sans régler son papier. Ce petit qui se raye soi-même est très joli.

RAYONS. — Les rayons, i n’en pètent. Se dit lorsque, en sortant de table, la peau tire comme un tambour. — Je crois que c’est une allusion à la célèbre histoire d’un merlan des Terreaux, qui avait écrit à son fournisseur à Paris une commande de quatre pages, pendant que sa femme était dehors. Celle-ci rentre, lit la lettre, et lui dit : Gros bétard, te vas commander de la marchandise quand les rayons i n’en pètent ! Le mari se rend aux raisons de sa femme, et ajoute en post-scriptum : Ma femme dit que nous avons de la marchandise, que les rayons ils n’en pètent. Ne m’envoyez donc rien de ce que je viens de vous commander. Il cachette la lettre et va la porter à la poste de la rue Luizerne. En ce temps-là on n’affranchissait guère, mais le port de la lettre pour Paris était de quatorze sous. Il est vrai que la lettre avait son importance.

RÉBARBARATIF, IVE, adj. — Rébarbatif, ive. — Le mot rébarbaratif, qui a évidemment subi l’influence de barbare, a quelque chose de bien plus énergique que le mot français.

REBIFFARDE, s. f. Rebuffade. C’est rebuffade, mais influencé par l’idée de se rebiffer, qui est très claire tandis que l’origine de rebuffade (de bouffer) est obscure pour nous.

REBOURS. — C’est un bois de rebours. Se dit d’une personne rèche, épineuse. On sait que le bois ne se laisse pas raboter au rebours du sens de la croissance des fibres.

REBLANCHIR (SE), v. pr. — Faire toilette, le linge blanc étant le commencement de toute toilette et souvent la seule du pauvre monde. (M. D.)

REBRAYÉ (rebrê-yé), adj. m. — Du beurre rebrayé, Du beurre pojaud, du vieux beurre que l’on a broyé et repétri pour lui donner un aspect plus présentable.

REBRIQUE, s. f. — Réplique. Une personne de rebrique, Une personne qui a la riposte prompte et facile. En partie toutes les femmes sont de rebrique. — Subst. verbal de rebriquer.

REBRIQUER, v. n. et a. — Répliquer, répliquer avec vivacité, un peu insolemment. Il a voulu raisonner, mais sa femme te vous l’a rebriqué ! — Vieux franç. rebriquer, fait sur rebrique, pièces d’écriture que les plaideurs produisaient les uns contre les autres ; de rubrica, parce que les titres de ces mémoires étaient imprimés en rouge.

RECHAGNER, v. a. — Refuser, mépriser, dédaigner. On voulait lui faire marier Mlle  Escafignon, mais i n’a rechagné. Forme de rechigner, qui, au sens primitif, signifiait montrer les dents.

RECHANGER (SE), v. pr. — Se relayer à un travail, à une occupation. La pièce presse tant que le bourgeois et le fils se rechangeont pour aller plus vite… Moi ma femme nous avions bu si tellement du vin doux que nous n’abondions pas à nous rechanger aux zécommuns.

RECHUTER, v. n. — Faire une rechute dans une maladie. — Dérivé si naturel de rechute que l’on ne comprend pas que l’Académie ne l’ait pas enregistré.