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guenilles. — Du vieux provençal fato, chiffons ; vieux haut allemand faz, paquet.

RAFFINÉ. Voy. sous fromage.

RAFISTOLER, v. a. — Humbert le fait figurer dans son glossaire à titre d’incorrection, mais depuis lors Littré l’a inscrit dans son dictionnaire, et l’Académie à son tour l’a accepté, en donnant l’exemple Rafistoler un vieil habit, et en ajoutant : « Il est très familier. »

RAFLE, s. m. — Jouer au rafle, Jouer aux osselets. — De la rafle des osselets que doit faire rapidement la main tandis que l’un d’eux est en l’air.

Rafle de bidet. Se dit d’une rafle générale, soit au propre, soit au fig. La police alle est venue ; alle a fait rafle de bidet. J’ignore l’origine de l’expression. Il est probable que c’est un terme de jeu.

RAFOULER, v. n. — Grommeler, gronder en dedans, grogner. — Peut-être de refouler : Refouler sa colère en grommelant. Ce pourrait être aussi une onomatopée. Comp. en Rouergue rofoleja, grogner doucement, en parlant des porcs.

RAFOULEUR, EUSE, s. — Grommeleur, euse. Par extension grondeur. De même en français, grondeur, primitivement celui qui grommelle, a pris le sens de celui qui réprimande.

RAFOYAU, s. m. — Très grand feu, au sens péjoratif. Quel rafoyau que t’as fait. Quel feu énorme as-tu fait ! (sur un ton de reproche). — De focarium, avec changement de suffixe et le préfixe re qui a un caractère intensif.

RAFRAÎCHIR (SE), v. pr. — Faire un petit repas. Nous nous sons rafraîchis avè du vieux à l’ail et du trois-six. — Extension de l’idée de rafraîchissement à celle de prendre quelque chose.

RAGÂCHE. — Un coup de ragâche, Un coup de raccroc. — Vieux français ou plus probablement vieux picard racacher, ramener, rattraper le volant. De là, par dérivation de sens, coup raccroché, rattrapé, sans l’avoir cherché. Racacher vient lui-même de recapticare, de captare.

RAGRÉAGE, RAGRÉMENT, s. m. — Action de ragréer.

RAGRÉER, v. a., terme de taille de pierre. — Ravaler une pierre en la raclant, raccorder les moulures, polir le parement. — Se rattache au franç. gréer, vieux haut allem. reitjan, préparer ; mais il se peut que l’idée de grès (polir en passant une pierre de grès) ait chassé l’idée primitive.

RAIDE. — Raide comme la Justice, C’est bien peu exact. La Justice est aujourd’hui si aimable envers les criminels, surtout lorsqu’elle est exercée par le jury, que c’est plaisir d’être traduit devant elle.

Raide comme un coup de trique. Cette comparaison est plus juste.

Raide comme la barre d’une porte. Ceci nous reporte au temps où les portes se fermaient à l’aide d’une forte barre placée horizontalement par derrière, et dont les extrémités entraient dans des trous pratiqués dans les jambages de la baie.

RAILLE, s. f. — Jouer à la raille. C’est un jeu de gobilles où celles-ci sont placées sur une ranche. — De rigacula, diminutif de riga, qui a donné raie. Dans le bas Dauphiné, une montagne de forme allongée s’appelle la Raille.

RAISIMOLLER, v. n. — Grappiller après la récolte. — De racemare, de racemum.

RAISIMOLLES, s. f. pl. — Raisins oubliés en vendangeant. On plaisantait le père Cotillard, déjà un peu ancien, de ses bonnes fortunes. Euh ! fit-il avec modestie, quelques raisimolles ! Subs. verbal de raisimoller.

RAISIN. — Suivant les grammairiens, ne pas dire Cueillir, manger un raisin, mais une grappe de raisin. Toutefois Littré fait remarquer que raisins se disant au pluriel pour des grappes de raisin (« ces raisins sont trop verts et bons pour des goujats »), il n’y a aucune raison logique de le proscrire au singulier. Il a cent fois raison. Ces minuties des grammairiens sont de véritables puérilités.

RAISINS DE DAME. — Raisins dont les grains ne sont pas développés et qui tout en mûrissant, sont restés de la grosseur du gros plomb de chasse. — Sans doute de ce qu’on a supposé ces raisins appropriés à la petite bouche des dames.