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« Les (ici le nom d’un ordre enseignant) de (ici le nom d’un bourg connu) ont environ 50 pensionnaires internes et un grand nombre d’externes. La distribution des prix s’y faisait autrefois solennellement en présence des parents et autres personnes invitées ; elle n’a plus lieu qu’à huis-clos. 11 y a trois ans (1842) que cette solennité se fit publiquement pour la dernière fois. Trois des élèves avaient mérité le même prix ex æquo. C’était un beau volume bien doré. Il fallut tirer au sort à qui resterait le livre. L’abbé (ici un nom très réel et honoré) le fit tirer à la belle lettre. La première des trois lauréates amena la lettre q. L’abbé proclama ce résultat en disant à haute voix : Mademoiselle, vous avez un q, nommant cette lettre comme on la nomme ordinairement. La supérieure le reprit en disant : un que. Le seconde ayant tiré s, l’abbé, en prononçant toujours de même, dit : Le q vaut mieux. La troisième obtint du sort un y, et l’abbé *** de dire, en se retournant vers la première, et lui présentant le volume : Mademoiselle, votre q l’emporte. La supérieure reprenait toujours en prononçant le lettre comme les religieuses la prononcent.

« Cela fit un peu de scandale. Le chapitre décida que dorénavant les prix se distribueraient sans autres témoins que les personnes du couvent. »

Voici une autre gandoise qui a cours chez les canuts : I n’ont mis le petit Cancanet chez les Frères pour y faire apprendre à lire. Ça a bien été jusqu’au p, mais pas plus loin. I se sont mis quatre pour lui faire entrer le q dans la tête, i n’ont jamais pu n’en veni à bout !

QUAND, conj. — En même temps que. J’arriverai quand vous, En même temps que vous. C’est un archaïsme. Le xviie siècle aurait dit : « J’arriverai quand et vous. » Notre expression est plus logique. C’est une ellipse : « J’arriverai quand vous (arriverez). » Cette construction fait comprendre pourquoi de la locution française nous avons supprimé et.

Te presse don pas tant, nous arriverons ben toujours quand nous ! Se dit quand on marche avec un camarade trop pressé. L’observation est d’ailleurs fort juste.

QUARANTAIN, s. m. — Violier annuel. — De quarante, parce que (m’a-t-on dit) il s’écoule quarante jours entre la semaille et la floraison.

QUART. — Deux heures et quart. « Dites Deux heures et un quart ou Deux heures un quart. » Mais « en place », il faut dire Deux heures et demie et non pas Deux heures et une demie. Pourquoi cette absurde contradiction ? Grammaire est féminin : « la Ragione delle Donne : perchè si ».

QUART-DE-POUCE, s. m. — Petit carré de cuivre, percé d’une ouverture rectangulaire d’un quart de pouce en tous sens. À ce carré est ajustée, sur un montant, à distance convenable, une loupe qui permet, en plaçant l’instrument sur une étoile, de compter le nombre de fils compris dans l’ouverture, de connaître l’armure, etc. L’instrument se replie pour tenir moins de place et pouvoir se loger dans le gousset.

QUART-D’HEURE, s. m. — Se dit du petit somme que certaines personnes font après le repas. Par extension, d’un petit somme en général. Qui n’a connu, dans le monde de la fabrique, Mme  X…, qui était l’âme de la maison de commerce de son mari, et, par son activité, en a fait la fortune ? Elle se levait toujours la première, à 5 heures du matin, et ne manquait jamais de demander à son mari : X… as-tu besoin de moi avant que je me lève ? — Non ! répondait d’un ton bourru le mari qu’on réveillait. — Allons, c’est bien ; fais ton quart d’heure !

QUARTERON, s. m. — 1. Objets vendus au nombre de 25. Le marchand en ajoute un par gratification. Un quarteron de pommes = 26 pommes.

2. Quart de livre. Un quarteron de beurre.

Les Carteron, célèbres imprimeurs du xviie siècle, avaient pour devise : Les Quarterons font des livres. — De quarte, de quarta.

QUARTIER. — Donner quartier à une pierre, à une poutre, la renverser sur le côté. De quart, avec le suffixe ier, assez mal appliqué. Donner quartier, c’est faire faire un quart de conversion.

QUATRE. — Se mettre en quatre, Se donner énormément de mal pour faire réussir une affaire. Pourquoi en quatre plutôt qu’en cinq ?

Faire ses quatre volontés, Suivre tous ses caprices et au besoin les imposer. Le p’pa et la m’man lui laissent faire ses quatre volontés.