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PORTABLE. — Molard n’admet pas qu’on dise : Cet habit n’est pas portable. Il veut qu’on dise n’est pas mettable. En 1798, l’Académie n’admettait encore portable que comme terme de Coutumes. Aujourd’hui elle donne ces propres exemples : Cet habit n’est plus portable, est encore portable.

PORTE. — Prendre la porte. Voy. prendre.

Il faut laisser les portes et les femmes comme on les trouve. Voy. femme.

Vous n’avez donc pas été à Paris ? Se dit à quelqu’un qui a l’impolitesse, si fréquente, de laisser une porte ouverte derrière lui. Après ça, je ne me suis pas aperçu qu’à Paris ils fussent plus soigneux à cet égard.

PORTE-COTON, s. m. — Il s’en croit comme s’il était le porte-coton du pape. Se dit de quelqu’un qui prend des airs par trop dédaigneux. Le coton tient ici le même rôle que l’éponge au bout d’un bâton portée par l’esclave devant le riche Romain, et que Rabelais a oubliée dans la célèbre liste des objets mentionnés au chap. XIII du livre Ier de Gargantua. Il paraît que le poste de porte-coton était un beau poste. Rien ne change. Il y en a beaucoup aujourd’hui qui se font le porte-coton du Peuple.

PORTÉE, s. f., terme d’ourdissage. — Assemblage de 80 fils de chaîne. Chaque demi-portée, dénommée musette, forme un ruban séparé sur l’oudissoir.

PORTEFEUILLE, s. m. — Lit. Ce grand fumier, à onze heures il était encore dans son portefeuille.

PORTE-FUMIER, s. m. — Me prends-tu pour un porte-fumier ? Aimable gandoise que l’on ne faut jamais à dire à la personne qui s’appuie sur vous par mégarde, à l’enfant qui se met sur vos genoux, el dans toute autre circonstance de ce genre.

PORTE-LIARDS, s. m. — Porte-monnaie. Dans le mot lyonnais et dans le mot français la formation est la même, les liards constituant de la monnaie.

PORTE-MANTEAU, s. m.— Gésier des volatiles. — De ce que le gésier a la forme du porte-manteau qui s’attachait jadis derrière la selle du cheval.

PORTEMENT, s. m. — État de santé. Être d’un gros portement, Être robuste, vigoureux. Être d’un petit portement, Avoir une petite santé.

PORTE-POT, s. m. — Dans une maison à location, Porte commune des caves. La clef du porte-pot, La clef de cette porte.

Vin à porte-pot se lit souvent sur une enseigne. Cela veut dire que l’on vend du vin à emporter (en portant le pot) et non à consommer sur place.

Le sens premier est certainement : endroit où l’on vend du vin à porte-pot. Les bourgeois de Lyon avaient le droit de vendre le vin de leur récolte à porte-pot. On appelle un débit de vin un porte-pot. Le terme a passé à la cave où l’on tient le vin, puis à la porte servant à fermer le porte-pot. Du reste, dans la porte du porte-pot, il y a une répélition qui ne pouvait pas se soutenir dans l’usage.

PORTER. — Porter perte, Faire du tort, causer un préjudice. Cette pratique de Potinguet a cherché à me porter perte.

Porter à gauche, Porter à droite, termes de tailleur. — Manière particulière, suivant les goûts d’un chacun, de porter le pantalon, dont les tailleurs disposent l’enfourchure en conséquence. J’ignore si l’on prend les mêmes soins pour les pantalons des dames, du moins lorsqu’ils sont fermés.

PORTIFICAT, PONTIFICAT, s. m. — État de prospérité, surtout de santé. J’ai vu Brigolasse depuis son héritage. Il était dans tout son portificet. — De pontificat, l’idée d’être pontife emportant celle du luxe et de la prospérité. Mais pontificat étant trop savant, a été influencé par l’idée de se bien porter, et il est devenu portificat. Cependant on emploie encore quelquefois pontificat.

PORTILLON, s. m. — Guichet, petite porte pratiquée dans une plus grande.

PORTION. — La Bastienne a toujours le tousse. M. Chrétien lui a ordonné une portion calmante.

POSÉE, s. f. — Tirer un becfi à la posée, C’est-à-dire posé sur une branche, par opposition à tirer à la volée.