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à l’aune : aune de 116e ou de 120e). L’aune a, aux deux bouts, des crochets d’acier poli dans lesquels ont fait entrer les cordons de l’étoffe, que l’on mesure et que l’on plie ainsi en même temps. On a appelé l’instrument plot, de la lourdeur du pied.

Rangé comme un plot d’aune. Se dit d’un garçon très rangé, le plot d’aune ne se dérangeant pas très facilement.

Plot, terme d’ourdissage. C’est un bloc de bois mobile, pendu à une corde passant sur une poulie au sommet d’un bâtis encadrant l’ourdissoir. Le plot monte ou descend au fur et à mesure que la corde s’enroule ou se déroule sur l’axe de l’ourdissoir par la rotation de celui-ci. Le plot sert de guide aux fils réunis de la musette qui s’enroule sur le tambour de l’ourdissoir. De cette façon il dirige la musette en spirale sur ledit tambour.

Probablement du celtique ploc, billot.

PLOTET, s. m., terme de maçonnerie. — Brique épaisse et courte, de 11° sur 22° sur 05°. — De plot, avec le suffixe diminutif et, parce que cette brique, grosse et courte, ressemble à un plot, en comparaison des briques de galandage.

PLUIE. — Pluie du matin… Voy. matin.

La pluie fait rentrer la chaleur dans les appartements. Ça, c’est connu de tous nos grands savants. À preuve que, quand il a plu l’été, il fait plus chaud dedans que dehors, du moins pour quelques heures.

PLUME. — Avoir la plume, Être habile à rédiger.

PLUVIGNER, v. imp. — Se dit d’une petite pluie fine. Le suffixe igner est fréquentatif et diminutif. Comp. égratigner, de gratter.

POCHE. — Un temps à ne pas se laisser le sou dans la poche. Se dit d’un temps clair, pur, plein de soleil, qui invite aux promenades et aux vogues.

J’aime autant deux sous dans ma poche que dans la vôtre. Se dit dans une discussion d’argent, où votre interlocuteur fait appel à votre générosité, ou essaye de vous démontrer le peu de valeur de l’argent pour une âme noble.

POCHE-GRASSE, s. f. — Qualification élégante pour les cuisinières. La Fontaine, dit-on, avait quelque goût pour les poches-grasses. Ne sit ancillae tibi amor pudori…

POCHER, v. a. — Crever en enfonçant. Pocher le châssis. Voy. châssis. Pocher la vertu, Faire du tort à la vertu d’une personne du sexe.

POCHON, s. m. — 1. Vaste cuiller pour servir la soupe. C’est le franç. poche, même sens, avec un suffixe on, qui n’a ici qu’une valeur explétive.

2. Pâté d’encre. Que de fois m’a-t-on reproché de dire pochon ! et voilà que le pitoyable Littré, pour me tirer de peine, l’a recueilli dans son dictionnaire. — De poche, au sens de tache. Comp. pocher un plan.

PODEFER, s. m. — Pal de fer pointu dont on se sert pour faire des trous en terre, par exemple pour planter des échalas. — De pal-de-fer, d’où pau-de-fer, podefer.

Nager comme un podefer, Ne pas être aussi fort à la nage que Bocacut.

POGNE, ÉPOGNE, s. f. — Galette, petit pain mince et rond, de fleur de farine, qu’on met à cuire dans les ménages avec le gros pain en le laissant à la gorge du four. Pogne de Romans, gâteau léger et sucré, qui nous vient de Romans et autres lieux du Dauphiné. — Formé sur pain, comme mogne est formé sur main.

Le même que poigne. Aux fours banaux, pendant longtemps, le salaire du fournier consistait en une poigne ou pogne prélevée sur la cuisson. Dans les maisons, la ménagère prenait parfois une pogne de pâte et, la mélangeant d’un peu de beurre et même d’un œuf, en faisait un gâteau, dit pogne ou pognon. L’habitude de faire de ces gâteaux, le jour de la fête patronale, s’est conservée dans la Bresse. Le nom patois est pougnon.

POGNON, s. m. — 1. Petite pogne. — Do pogne.

2. Se dit d’un raccommodage grossier, formant proéminence. Mélie, quel pognon que t’as fait à mes bas ! On dit aussi : Un raccommodage en pognon.— Pognon, cognon ont la même signification et sont tirés l’un de cogner, l’autre de poindre, transformé en poigner.

3. En terme d’argot, Argent. Un condamné en correctionnelle se plaignait d’être aussi sévèrement puni que son complice. Ce n’est pas juste, disait-il, il a gardé tout le pognon ! (Note de M. Vachez.)