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maître d’apprentissage : elle est forte pour la piaille, mais elle ne mord pas. — Subst. verbal de piailler.

PIAPIAS, s. m. pl. — Cancans, médisances. La Dorothée a pris une postume de neuf mois, me disait notre petite apprentisse ; ce qui n’ont fait de piapias pour ça ! — Onomatopée du bruit d’une parole continuelle et dénuée de sens.

PIASSETTE, s. f. — Outil de tonnelier qui a la forme d’une petite houe tranchante à manche court. — Du patois piassi, pioche, de pica.

PIASTRE, s. f. — Monnaie imaginaire. Avoir de piastres, Avoir de l’argent. Par extension Un gros sou. Voilà deux piastres pour faire le garçon, disait chaque dimanche à son mari la bonne mère Durassier. — Les piastres n’ont jamais pénétré dans nos pays, non plus que les escalins et les patacs, et pourtant tous ces noms se sont introduits dans notre parler.

PIATTER, v. n. — Marcher, avec idée de répétition, de piétinement, de longue marche. À force de piatter, nous ons fini par nous lasser, et nous nous sons assis sur les cadettes. De pedem.

PIAUTRE, s. f. — Boue, avec le caractère spécial de boue tirante, adhérente, de terre grasse. J’ons embotté dans la piautre jusque par-dessus le cou du pied. — Paraît en rapport avec le vieux franç. empiétrer, empêtrer.

PICANDEAU, s. m. — Petite flèche garnie de papier à un bout et à l’autre d’une pointe en fer ou d’une épingle. À l’aide des deux index formant arc, on la lance contre un plancher, une boiserie, etc., où elle se fiche. On en fait qui sont simplement de papier enroulé en pointe. Rabelais mentionne ce jeu, que le Duchat, bien à tort, transforme en jeu de volant. — De pique, avec le suffixe eau, d’ellum et insertion d’une syllabe de fantaisie.

PICARD. — Tout est couché chez Picard, il n’y a ni feu ni chandelle. Dicton qu’on ne faut jamais à dire lorsque, arrivant pour voir des amis, on trouve maison close. J’en ignore l’origine, qui doit être historique. Il n’est pas particulier à Lyon, au moins comme sens car il existe une chanson qui a pour refrain : Ils sont couchés chez la mère Picard.

PICARLAT, s. m. — Faisceau de trois petits morceaux de bois refendus dans une branche et liés aux deux bouts par un lien de paille. La longueur variait de deux à trois pieds. Quatre picarlats se vendaient un sou. Ne pas confondre le picarlat avec le cottret, qui est un paquet de morceaux de bois courts et liés par le milieu avec une corde. Le cottret ou falourde est une marchandise parisienne. Le picarlat a disparu de la consommation lyonnaise. Il est remplacé par le paquet de bois très court, valant deux sous.

Au figuré Jambe (comparez flûte, canille, broche).

Sec comme un picarlat. Se dit de quelqu’un qui manque d’obésité.

Huile de picarlat.Frotter les rhumatismes à quelqu’un avec de l’huile de picarlat, Lui donner des coups de bâton.

La seconde partie du mot paraît représenter le prov. escarla, refendu ; et la première, piel, de piculum.

PICARLE, PICARLEUX. — Voyez piquerne, piquerneux.

PICARNU, USE, adj. — Qui a de la chassie, — Fait sur piquerne.

PICASSER. v. imp. — Se dit d’une pluie fine et peu abondante. Mouille-t-il ? — Non, il picasse seulement.

Quand il picasse, il cheit de limaces.

De piquer, avec le suffixe péjoratif asser.

PICAUDON, s. m. — Petit fromage de chèvre. — L’origine est-elle piquer ? Ce qui pique la langue ?

PICON, s. m., terme de batellerie. — Rame à l’avant du bateau, par opposition à l’empeinte, qui est la rame à l’arrière. Il est probable qu’à l’origine le picon était un harpon dans le genre de l’arpi (voy. ce mot), et qu’un homme, placé à l’avant du bateau, s’en servait pour divigor celui-ci. De là le nom a passé à une rame à demeure. — De pic.

PICOTIN, s. m. — Vin aigrelet. Allons, un verre de picotin !

PICOU, PÉCOU, s. m. — 1. Queue des fruits. Un picou de cerise.