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PENSION. — J’ai pris pension chez la mère Devers. Je n’ai trouvé prendre pension dans aucun dictionnaire. Cela se dit constamment.

PÉRAT, s. m. — Des diverses sortes de houille vendue, c’est celle dont les morceaux sont les plus gros. — De petra, plus le suffixe roman at.

PERCE. — Mettre une pièce en perce. Les dictionnaires ne donnent que mettre du vin en perce, ce qui est assez absurde, car ce n’est pas le vin qu’on perce.

PERCÉ. — Percé bas, Se dit de quelqu’un dans une grande gêne. Que devient M. Déchelet ? — Le pauvre b… est bas percé. — L’idée est d’un tonneau qui, étant percé très bas, s’est vidé en plein.

PERCERETTE, s. f. — Vrille. — De percer, ostensiblement.

Avoir des yeux de percerette ou en trou de pipe, Avoir des yeux petits, perçants, et à la soute. C’est le contraire des yeux en boules de loto.

PERDRE. — Une femme à perdre dans le lit. Ne se dit pas d’une géante.

PÈRE-GRAND. — Grand-père. Voy. mère-grand.

PERFORCER (SE), v. pr. — Faire un effort énorme, au-dessus de ses forces. — De forcer, avec le préfixe per, qui équivaut à par. Voy. parbouillir. Le vieux franç. a parforcer.

PERPÉTUE, s. f. — Perspective que l’on avait, au xviiie siècle, l’habitude de peindre sur un mur terminant une allée d’arbres, et où l’allée d’arbres était représentée en se prolongeant. Nous en avions une à Sainte-Foy. — Corruption de perspective, mot incompréhensible pour le vulgaire, tandis que perpétue exprimait le sens d’une chose qui se prolonge, se perpétue.

PERRIER, s. m. — Gésier des volatiles. Dans les maisons bien ordonnées, lorsqu’on mange une poulaille, on donne toujours le perrier au culot. — De petrarium (de petra), parce que le perrier renferme très souvent des pierres.

PERRIÈRE, s. f. — Carrière de pierres. Le mot se trouve dans beaucoup de textes vieux lyonnais. — De petraria.

PERSAILLE, s. f. — Nom d’un plant de vigne à petits grains, de médiocre qualité, mais qui produit beaucoup. — Peut-être du vieux franç. pers, bleu noir, la persaille étant un raisin de cette couleur.

PERSONNE. — Être bien de sa personne. Cette façon de parler, si claire, si expressive, ne figure pas dans les dictionnaires. On trouve seulement Être bien fait de sa personne (Sévigné).

Colombine de personne. Voy. colombine.

PESANTER, v. n. — Soupeser. Pesante-moi voire un peu ce lapin !

PESETTES, s. f. pl. — Vesces. Ainsi nommées par convenance. — De pisum.

PESOU, s. m. — Gros caillou, pavé. S’emploie toujours au sens comique. M. X…, notre voisin de campagne, mettait des pesous dans ses poches quand il faisait grand vent, afin que le vent ne l’emportât pas. — De peser.

P… (parlant par respect). — Avoir toujours p… ou v…, Être sans cesse indisposé. Comment va Madame votre épouse ? — Elle a toujours p… ou v…

Avoir toujours p… ou foire, même sens.

P… de boulanger, Such a one as makes the bren to follow, dit Cotgrave en sa candeur.

P… de maçon, A fart in syrup, a squattering fart, dit encore le même auteur.

P… de confiseur, même traduction.

P… de ménage. Honnête et simple.

Faire des p… comme des coffres. — Énorme ! se serait écrié Flaubert.

Un p… comme un p… de mine. — Métaphore évidemment exagérée.

Faire un p… à vingt ongles, Faire un enfant. Se dit surtout des enfants nés hors mariage.

Partir comme un p… Se dit de quelqu’un qui est un peu soupe au lait. On se mit à parler politique, le voilà qui part comme un p… !

Hardi comme un p… Se dit de quelqu’un qui ne pèche pas par excès de timidité.

S’en croire comme un p… Se dit d’une personne qui s’en croit beaucoup.

« Cette jeune personne poussait des soupirs comme des p… de vache. » C’est-à-dire de très gros soupirs.

Toutes ces façons de parler, si appropriées qu’elles puissent être à l’occasion, ne doivent pas être employées devant des dames, ni même devant des demoiselles.