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Au fig. dent. Je peux plus mâcher, j’ai plus que trois pedones uses. — De l’italien pedone, souche, morceau de bois coupé ; lui-même de pedem.

PEDOUILLE, s. f. — Terme collectif pour poux. Viens n’ici, mon boson, que je t’ôte ta pedouille. — De peducula pour pedicula.

PÈGE, s. f. — Poix. — Savetier, qu’as-tu ? — J’ai la pège au, etc., dit une vieille et gracieuse chanson. Et le vertueux Rabelais parle quelque part d’une souris empeigée. — De pica pour picem.

PEIGNE, s. m. — Peigne d’Allemand, quatre doigts et le pouce. Cette expression existait déjà au xvie siècle.

Propre comme un peigne. Se dit par ironie, quoique, après tout, un peigne puisse être tenu très propre ; mais il paraît que ce n’était pas la coutume de nos pères.

PEIGNE, s. m., terme de canuserie. — Série de petites lamelles d’acier, juxtaposées et maintenues dans un cadre, et entre lesquelles passent les fils de la chaine. Le peigne est enfermé dans le battant et chaque coup de celui-ci serre ainsi le dernier fil de trame contre le précédent. Chaque intervalle entre deux lamelles s’appelle Dent du peigne.

Piquer en peigne, Faire passer les fils de la chaine dans la dent du peigne à l’aide d’un instrument nommé passette.

Donner en peigne, Compter le nombre des fils nécessaires à chaque dent, et les placer dans la passette de celui qui pique en peigne.

Dent du peigne corrompue. Voy. sous dent.

Peigne à tordre, Morceau de la chaine passée dans le peigne, qui reste quand la pièce est finie, et, se prolongeant jusque derrière le remisse, sert à relier fil à fil la chaine de la pièce suivante. On l’appelle aussi peigne de tirelle : Nous aimons mieux mangé nos peignes de tirelle. (La Châste Suzanne.)

PEIGNE-C… (parlant par respect). — Terme impoli. Voy. c…

PEIGNÉE. — Se donner une peignée, Se battre. Se dit plus spécialement en parlant des femmes.

PEIGNER. — C’est ici que les chats se peignent. Voy. chat.

Peigner son chanvre par la queue, Faire une chose à rebours. Le père Melachu avait deux filles. Ustache Crétinet demanda la cadette, qui était la plus jolie (l’aînée avait un agacin derrière le dos). On fit pache. Dot fixée à douze cents francs. La main topée, le père Melachu restait tout chose. — Qu’avez-vous don, beau-père, fit Ustache ? — Hum, hum, c’est n’agriable de marier sa fille, mais quoique ça, je pigne mon chenêve par la coua ! — Si c’est que ça, beau-père, baillez cent écus de plus, et vous le pignerez par le bon bout. — Tope !

PEILLOTTE, s. f. — Enveloppe épineuse de la châtaigne. — De pilum.

PEINABLE, adj. des 2 g. — Qui coûte de la peine, de l’effort. Faire ce dictionnaire est un travail peinable.

PEINDRE, v. n. — Écrire d’une très belle écriture. C’est plaisir de le lire : il peint.

Une voix à peindre, Une très belle voix. IL faut qu’elle soit en effet très belle pour pouvoir la peindre.

PEINE. — Tirer peine, Se mettre en peine. Il faut que je rentre, la bourgeoise tirerait peine. Avec un complément : Tirer peine de quelqu’un. Exemple : Tirez pas peine de votre n’homme, il est après se soûler avè de salopiaux.

Prenez la peine de vous reposer. Formule de politesse que vous devez employer, en avançant une chaise, pour toute personne qui vous fait l’honneur de vous visiter.

PEINTRE. — Un peintre peintru. Formule péjorative pour dire qu’il ne s’agit pas d’un Raphaël. X… est peintre ? — Oui, un peintre peintru. — Peintru représente ici peintureur.

C’est le goût du peintre. Voy. goût.

PEINTURLURER, v. a. — Peinturer au sens péjoratif, ainsi que l’indique le suffixe comique. As-te vu c’te poutrône avec ses gôgnes peinturlurées ?

PEIREROU, s. m. — Chaudronnier ambulant ; par extension, poêlier. Mon chaudron est cabossé ; faut que je le donne au peirerou.