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OR. — C’est de l’or en barres. Le plus bel éloge que l’on puisse faire de la loyauté et de la probité d’un homme.

ORAGE, s. m. — Grand vent, simplement, sans accompagnement de tonnerre et de pluie. Depuis trois jours, avec ce ciel bleu, l’orage n’a pas décessé. Mme  Putifond, qui aime beaucoup son mari, ne l’a pas laissé sortir, peur qu’i soye écrasé par une tête de cheminée, ou décorné en passant le pont Morand.

ORANGE. — L’honnête marchand dont j’ai parlé à melon ne pouvait vendre de cavaillons en janvier. Il se revanchait sur les oranges :

\relative c'' {
  \time 4/4
  \omit Staff.TimeSignature 
  
  \stemDown
  \key g \major 
  \cadenzaOn
  d2 e4 d c a d g,2
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  \bar "|"
  d'4 d b2
  d4 d b2
  \bar "|."
}
\addlyrics {
  Un sou les o -- ranj’, un sou ! O -- ranj’ fines, O -- ranj’ douces !
}


ORANGER. — Oranger de savetier, Basilic (pron. baselic), ocymum. C’est en effet leur plante favorite.

OREILLES. — C’te merdaille, avè leur bacchanal, me font partir les oreilles, c’est-à-dire que je n’entends plus, ce qui s’explique en effet très bien, si mes oreilles sont parties.

Le sanque lui bout derrière les oreilles. Se dit d’un homme ardent et colérique.

Laver les oreilles, Faire une terrible remontrance, lors même que celui à qui on lave les oreilles les aurait déjà très propres.

ORGE. — Grossier comme du pain d’orge. Se dit d’un pacan qui n’a point de politesse ni de belles manières, et qui dirait quelque chose de gras, sans même le faire précéder de « parlant par respect ».

Faire ses orges, Avoir de bons et gros profits. « Messieurs, vous faites bien vos orges et vos choux gras ceste annee icy, » disoit un médecin a des prestres, en temps d’épidémie, au rapport du bon Bouchet, « Ouy bien, monsieur, répond le curé, Dieu mercy et vous. »

ORIENTER, v. a. — Orienter un chantier, Organiser un chantier, tout disposer avant de commencer une bâtisse. Mon père m’a souvent raconté que lors du passage de Napoléon Ier à Lyon, les canuts lui firent un beau compliment où on lisait : « Vous êtes un ange descendu du ciel pour nous orienter. »

ORIGINE. — Humbert proscrit la locution À l’origine, et prétend qu’on doit dire dans l’origine, mais Littré riposte avec beaucoup de bon sens : « Pourquoi ne pas dire à l’origine comme on dit à l’entrée ? »

ORILLONS, s. m. pl. — Ce sont deux pieds de chèvre ou épaulements qui supportent le rouleau de derrière dans le métier de canut. Ils sont tantôt fixes, tantôt à coulisses pour placer le rouleau plus haut ou plus bas.

Orillons de la banquette. Ce sont deux taquets cloués contre les pieds de métier et sur lesquels repose la banquette (voy. ce mot).

Orillons, petites oreilles, parce qu’ils sont on saillie comme l’oreille sur l’os dit rocher.

ORMEAU, s. m. — Molard et Littré s’entendent pour blâmer les expressions Vieil ormeau, Antique ormeau parce qu’ormeau signifie proprement jeune orme, mais il y a beau temps que le sens d’ormeau s’est confondu avec celui d’orme en général. Littré lui-même donne ce sens, et l’Acad. cite l’exemple : De vieux ormeaux. L’Académie est comme le sacrement de mariage, qui couvre tout.

ORNIÈRE. — Un visage à boire dans une ornière. Se dit d’un visage en manche de couteau.

OS. — L’os qui pue, L’occiput. Cette transformation s’est opérée par la métathèse si naturelle de qs en sq. Comp. ecsprès, devenu escprès, esqueprès. D’où osquiput, et, manquablement, os qui pue. L’idée d’un os qui ne sent pas bon ne nous est pas particulière. Les Languedociens ont l’os pudent (puant). Azaïs le définit : « Os