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vu c’te mounine, que faisait les yeux blancs ?

2. Petite fille avec un sens un peu railleur. On le fait précéder de petite : Venez ici, petite mounine ! — Du patois mouna, femme, avec sens péjoratif. Mouna vient lui-même de madona, contraction de mea domina. On a ajouté le suffixe diminutif ine.

MOURVE, s. f. ; MOURVET, s. m. — Mucosité du nez. Delaïde, mouche don ton Jules qu’a la mourve au nez ! — Un paysan de Sainte-Foy était allé demander la main de la fille au père Broquet. Mais comme il était orgueilleux, il avait résolu de ne faire aucune démarche servile. La demande faite au père, il ajouta avec dignité : Vêquia ! Adonc (maintenant) bailli-me-la, me la bailli pôs, m’en foti autant que du mourvet ! Et prenant son nez de ses deux doigts, il fit comprendre la métaphore par la réalité même.

MOUTARDELLE, s. f. — C’est mortadelle, peu commode au prononcer, et qui a été influencé par moutarde, encore bien qu’il n’y ait point de moutarde dans la moutardelle.

MOUTARDIER. — Il se croit le premier moutardier du pape, pour dire de quelqu’un qu’il s’en croit beaucoup. J’ignore quelle est exactement la fonction du premier moutardier du pape, mais il pürait que c’est un beau poste.

MOUTÉE, s. f. — Une moutée d’huile, Une moutée de vin, Une pressée d’huile, Une pressée de vin. — Fait parallèlement à mouture (qui n’a pas le même sens) et par analogie avec les substantifs en tée : assiettée, charretée, potée, etc.

MOUTONNASSE, s. f. — Ce gigot a le goût de moutonnasse. C’est un certain goût désagréable qu’on pourrait comparer au goût de chandelle. Il y a une saison de l’année, durant les mois d’été, où la viande de mouton a en partie toute le goût de moutonnasse.

MOUTONS, s. m. pl. — Métaphore idyllique pour désigner les petits vers qu’on trouve dans les cerises. — De la couleur blanche du ver.

MOUTU, UE, adj. — Moulu, ue. Le français moulu a été formé à un moment où l’on avait mol-dre, d’où molu. Le lyonn. a fait de moud-re, moudu, puis moutu, par analogie avec mouture.

MOUVANT, s. f. — Jeune moineau qui sort du nid. — De mouvoir. Le moineau commence à se mouvoir.

Gone mouvant. Voy. gone.

MOYE (mo-ye), s. f. — Tourbillon d’eau. On sait combien était redoutable la moye de la Mort-qui-trompe, au Pont-de-Pierre. — De mota, subst. verbal de motare.

MOYEN. — Tâcher moyen, Faire en sorte. Tâche moyen que ça ne te retourne pas arriver ! C’est à la fois une ellipse et un pléonasme, car cela peut se traduire par « Tâche de prendre les moyens pour… », aussi bien que par : « Fais effort pour… » Quoi qu’il en soit, cet assemblage de mots est fort drôle. On dit encore mieux : Tâche moyen de faire en sorte.

MOYENNANT. — J’irai moyennant que vous y soyez ; « cette manière de parler n’est pas française, » dit Molard. En effet, moyennant que ne figure pas au Dictionnaire de l’Académie, mais on le trouve dans Landais, dans Bescherelle sous cette définition : « loc. conjonctive, À condition que ». Et Littré, qui le donne aussi, ajoute l’exemple : « On aura ses services moyennant qu’on le paiera. » J’avoue que j’aurais préféré un exemple tiré d’un auteur classique.

MOYENNÉ, ÉE, adj. — Qui est commode, qui a quelque fortune. Mot charmant, dont use l’honnête Eutrapel : « Encore que vous, seigneur Eutrapel, ne soyez que simple gentilhomme, assez moyenné et riche… » — Être moyenné, avoir des moyens, figurativement.

MOYENNER, v. a. et n. — Faire en sorte, prendre les moyens pour. Il faut pourtant moyenner cette affaire… Il a tant et si bien moyenné qu’il a fini par marier la Suson.

Il n’y a pas moyen de moyenner, Il est impossible de venir à bout de cette affaire. Très usité.

MOYENS. — Avoir des moyens. — 1. Être intelligent, capable. Le fils Polaillon a eu une mention à l’école municipable du soir