Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avoir l’esprit aiguisé comme une mollette de beurre. Ce n’est pas l’avoir très aiguisé.

MOLLON, s. m. — 1. Mie de pain.

2. Pulpe des fruits.

MOMENT. — Un bon moment, Un moment long. Monsieur y est-il ? — Il est sorti, il y a un bon moment. Cela veut dire une heure, ou plus ou moins, suivant les idiosyncrasies des bonnes.

MONDE, s. m. — Au sens de « les hommes », il est toujours pluriel : Le monde sont si méchants ! — C’est un latinisime : Turba ruunt.

Comme les chiens pour mordre le monde. Se dit d’une chose naturellement propre à faire le mal. Ces vélocipattes, c’est inventé pour faire tomber les gens, comme les chiens pour mordre le monde.

Dans le monde rien, Rien, absolument rien. Il a demandé quéque sous, on lui a rien donné, Madame, dans le monde rien.

Pas le moins du monde, Pas du tout. Très usité. Croyez-vous qui soye heureux avè se n’épouse ? — Pas le moins du monde. L’idée est : pas le moins qu’il puisse exister de bonheur dans le monde.

MONDURES, s. f. pl — Épluchures. De mondures de truffes. — Fait sur monder, comme épluchures sur éplucher.

MONINE, s. f. — Femme méchante. Cete monine m’a graffiné.

MONNAIE. — Manquer de monnaie, faute de grosses pièces, N’être pas un Rothschild.

MONNAYÉ, ÉE, adj. — Qui a de la fortune. Le Glaudius n’est pas très bien de chez lui, mais sa femme est monnayée. Sur cet emploi du partic. passé au sens de possédant ce qui fait l’objet du thème du verbe, comp. un homme argenté, un homme qui a de l’argent ; un homme renté, un homme qui a des rentes ; un homme aisé, un homme qui a de l’aise ; un homme bien jambé, un homme qui a de solides jambes.

MONTAGE, s. m. — Action de monter un métier.

MONTAGNES. — Elle ferait battre quatre montagnes. Voy. battre.

MONTCHAT. — C’est le terrain de Montchat, il y faut un jour de soleil, un jour de pluie, un jour de m… Se dit des terrains secs et caillouteux comme ceux de Montchat.

MONT-D’OR, s. m. — Fromage de chèvre, qui a la forme d’un disque (pas la chèvre, le fromage) et qui se fabrique dans les villages sur les pentes du Mont-d’Or. Il est très renommé. Un mont-d’or bien raffiné.

MONTÉE. — Une montée d’escaliers (escaliers signifie ici marches). On dit souvent la montée tout court. Y a de mirons que viennent faire leurs zécommuns dans la montée… Avè la Josette nous demeurons dans la même montée. On dit de même : Une descente de cave, mais jamais une descente tout court.

Se dit d’une rue avec très forte pente : la montée du Gourguillon (ou le Gourguillon), la montée du Chemin-Neuf (ou le Chemin-Neuf), la montée Saint-Barthélemy, la montée des Anges, la montée de la Glacière (aujourd’hui rue Romarin), la montée de la Butte. Se dit parfois d’une montée en escaliers : la montée des Épies, la montée de Tirecul (aujourd’hui des Chazeaux), la montée du Garillan, la montée des Carmes-Déchaux, la montée Bonafous. En place, on ne dit pas la montée du Change, la montée des Capucins, mais les escaliers du Change, les escaliers des Capucins. Les trois montées qui conduisent à la Croix-Rousse se nomment côtes (voy. ce mot).

MONTER, v. a. — Monter un commerce, un établissement (c’est-à-dire un café, une brasserie). Ces expressions que les forts en grammaire ont oublié de signaler, sont si généralement employées que je les avais toujours crues françaises. J’en dirai autant de :

Monter le feu, Le préparer de façon qu’on n’ait qu’à l’allumer. Cette expression doit être particulière à Lyon, car un jour, dans un hôtel de Nice, je sortis à midi en recommandant de monter le feu dans ma chembre. La bonne paraissant n’avoir pas entendu, je répétai la phrase et sortis. Rentrant à neuf heures, je trouve un rafoyaud qui durait depuis midi, et avait consommé quatre paniers de bois à