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On fait toujours précéder toutes ces locutions ou expressions de la précaution oratoire : « parlant par respect, » mais cela ne les rend pas beaucoup plus belles, et, en général, l’on fera mieux de s’en abstenir, surtout devant les dames.

Rêver à la chose, signe d’argent. Heureux les joueurs de Monaco, quand ils en ont rêvé ! Plus heureux ceux qui, sans s’en apercevoir, ont marché dessus | Mais la principauté est si bien tenue que ce n’est que sur terre de France qu’on peut espérer cette bonne fortune.

MÈRE GRAND’, s. f. — Grand’mère. On dit plus volontiers la Grand’.

MERLAN, s. m. — Perruquier. Une vieille chanson dit :

Voulez-vous savoir, Mesdames,
Ce que c’est qu’un merlan frit ?
Il a vendu sa boutique
Pour un morceau de pain bis.

Le bataclan du merlan. Voy. bataclan.

J’ai lu, je ne sais plus où, que le mot avait une origine historique, et venait de ce que Henri IV, passant par Sisteron, avait été coiffé par un perruquier du nom de Merlan. « Qui le voudra croire le croie. »

MERLASSE, s. f. — Femelle du merle. Je connaissais un bon ménage où l’on avait eu la plus grande affection pour un merle, devenu mort. Au bout de l’an, le mari se prit à dire : Il y a pourtant un an aujourd’hui que notre pauvre merle est mort ! — Ah, reprit la femme en pleurant, si tu disais notre pauvre merlasse ! — Je te dis que c’était un merle ! — Et moi je te dis que c’était une merlasse ! — Chacun s’échauffant dans son dire, le dialogue finit par une bonne chauchée. Au second anniversaire, le mari se reprit à dire : Il y a pourtant deux ans aujourd’hui, etc. Même dialogue, même dénouement, et ainsi de suite tous les ans, tant que le mari et la femme vécurent. Après cela, était-ce un merle, était-ce une merlasse ? Malgré tout le mal que je me suis donné, je ne l’ai jamais pu tirer au clair.

MERLE. — Chante, merle, la cage brûle. Voyez chanter.

MERLUCHE, s. f. Femme grande et sèche. Le Touane a marié une grande merluche… La Marion Bombée ou la Marion Merluche, qu’aimerais-tu le mieux ? — J’aime mieux la viande.

MERLUCHIER, s. m. — Épicier, et surtout marchand de denrées coloniales.

MÉSENTENDU, s. m. — Malentendu. À ma grande surprise, je vois que Littré a recueilli ce mot peu académique.

MÉTÉRÉE, s. f. — Mesure agraire équivalente à la bicherée. — De metare pour metiri.

MÉTIER. — Avoir son métier pour maître. Voy. maître.

Monter un métier. Voy. monter.

Avoir un enfant sur le métier. Se dit d’un mari dont la femme est grosse.

METTAGE. — Mettage en mains, Ouvrage de la metteuse en mains.

METTEUSE. — Metteuse en mains. C’est l’ouvrière chargée de diviser les paquets de soie ouvrée ou grège qui lui sont confiés par le fabricant. Elle a pour mission d’assortir les grosseurs, de choisir les flottes ; de faire un triage afin de faciliter et de régulariser l’emploi de la matière première. Après ce triage, les flottes et les matteaux, formes sous lesquelles la soie se présente dans le commerce, sont transformés en paquets, mains et pantimes. Chaque paquet est divisé en 10 mains. La main d’organsin peut peser 150 grammes en moyenne, et ln main de trame 250, et peut aller même à 300 grammes. Chaque main est divisée en 4 pantimes, et chaque pantime est formée de 10 à 15 flottes.

METTRE, v. a. — Mettre de coin, Mettre de côté. Mets donc ces ciseaux de coin pour les retrouver quand ils te feront faute.

Mettre de l’argent de coin, Mettre de l’argent de côté.

Mettre en mains. Voyez sous Metteuse en mains.

Se mettre de quelque chose. Exemple : Je me suis metu de la société des Bras-Neufs. — Oh, c’est ben une bonne société. — C’est pour ça que nous sons une quantité.

Mettre les pouces, — Venir à jubé, se soumettre par contrainte. Je suppose que la métaphore est tirée de l’action de joindre les pouces dans l’attitude dela prière.

Admettre. Mettons que ça soye vrai, que ta fenne t’en fasse porter. Et après ?