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d’ailleurs usité au xve-xve siècle, et l’on s’étonne que la langue littéraire ne l’ait pas conservé.

MALAGAUCHE, adj. — Plaisante interversion, en manière de calembour, pour renforcer le sens de maladroite, maladroit.

MALAISANCE, s. f. — Difficulté, gêne. Très joli mot dont Montaigne usait, et qui est encore fort utile à nos maçons : 1° Posé une conche avec difficulté… tant (le prix est doublé) ; 2° Pour la malaisance… tant (le prix est redoublé), etc., etc. — On dit aussi Être dans la malaisance, Être dans la gêne.

MALAISE, adj. des 2 g. — Je suis tout malaise, Je ne me sens pas bien portant. — C’est aise, adjectif, avec un préfixe négatif, comme dans mal content, mal commode, etc.

MALAISÉE, s. f. — Je connaissais un bonhomme qui n’appelait sa femme que la Malaisée (quand elle n’y était pas). Où est donc ta femme ? — La Malaisée est à vêpres. Ou bien : Il faut que je me sauve ; la Malaisée va rentrer, et elle rognerait, et ainsi du reste. Je croyais à une invention plaisante du bonhomme, mais qu’elle n’a pas été ma surprise en trouvant que, dans le patois de la Saintonge, le femme s’appelle la Malaise.

MALANDRE, s. f. — Maladie épidémique, par extension plaie, ulcère. « Et n’eusse été quelque malandre, — Que je peschay dans la calandre… » dit, au xviie siècle, la Bernarda. — Vieux franç. malandre, lèpre.

MALANDRU, USE, adj. — Teigneux, râcheux, qui a des ulcères.

MAL COMMODE, MAL COMPLAISANT. — Pour Incommode, pour Sans complaisance, et d’autres semblables. Le moyen âge avait beaucoup de mots où mal était placé devant des adjectifs pour indiquer le contraire du thème : maldisant, malduit, malcréant, etc. Nous en avons gardé trace dans le proverbe : Qui s’attend à l’écuelle d’autrui est souvent mal dîné. Ce préfixe mal a beaucoup plus de force que le préfixe négatif ordinaire in.

MAL DE SAINT JEAN. — Mal caduc. Au moyen âge beaucoup de maux prenaient le nom du saint communément invoqué pour leur guérison : Mal de saint Roch, Mal de sainte Marguerite, Mal de saint Cyr, mal de saint Men, etc.

MALET. — S’acheter un paletot chez Malet, Mourir. Je crois bien que je n’ai plus qu’à m’acheter un paletot chez Malet, dit parfois un pauvre malade qui se désespère. Malet était un fabricant de cercueils, dont la raison de commerce existe encore.

MALHEUR. — Ça me f…iche malheur. Se dit quand un événement vous est désagréable. Il est un peu bas.

MALHEUREUX. — Malheureux comme les pierres. Dicton continuellement répété, et cependant peu exact, car les pierres me font l’effet d’être ce qu’il y a de plus heureux dans la création.

MALIN. — Un Malin de la rue de la Plume. Ce dicton que, dans mon enfance, on redisait encore en plaisantant aux marchands de la rue de la Plume, quand on y achetait quelque chose, a disparu longtemps avant la rue elle-même, supprimée par le percement de la rue Impériale.

Maline, pour Maligne. On ne peut refuser à ce mot le mérite d’être formé de façon absolument régulière. Maline est à malin ce qu’orpheline est à orphelin, saline à salin, sanguine à sanguin, etc.

Malin comme un jicle. Voy. jicle.

MAMAU, adv. — Faire mamau, Faire du mal. Je peux pas boire d’eau, ça me fait mamau. Mot enfantin qui représente mal-mal, et qui est un reste du patois.

MAMI, s. m. — 1. Poupon. Vous avez là un joli mami, qu’est tout plein drôle ! — Fait sur ami avec répétition enfantine, à l’initiale, de l’m médiale.

2. Nom propre : Maurice. Qui ne connaissait à Lyon le brave Mami Marmet, le petit-fils de François Marmet, le borgne, qui tint si longtemps les bèches ?

MANCHES. — Avoir les jambes en manches de veste. Voy. jambes.

C’est une autre paire de manches ! L’affaire est autrement difficultueuse, importante, qu’on ne pensait.

MANDARE, s. f. — Il est venu une mandare, Une pauvresse déguenillée, de mau-