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cri strident et répété comme celui d’une lime déchirant les oreilles. C’est pour cela qu’à Nyons on la nomme le serrurier.

LARDURE, s. f., terme de canuserie. — Défaut dans une pièce, qui provient de ce que la navette a pris dessous ou dessus des fils qu’elle ne devait pas prendre. La navette a lardé les fils.

LARGE, s. m. — Donner du large, Avoir du large, Donner de l’espace, avoir de l’espace. Chez Garcin : Mettons-nous à cette table, nous aurons plus de large pour lever le coude… Écartez-vous un peu, ça nous donnera du large. Ces expressions me paraissent excellentes de tout point.

Large, adj. des 2 g., Libéral, généreux. C’est un homme large. Il se trouve déjà en ce sens dans Froissart.

Il entend la vie large, Il fait des dépenses et des générosités.

N’en mener pas large, Se faire petit parce qu’on se sent dans ses torts ou qu’on redoute un danger.

Large… des épaules, Avare, grigou.

LARGEUR, s. f. — 1. Largeur des étoffes de soie. Dans les anciens temps les étoffes se mesuraient à l’aune. Or l’aune de Lyon (pas plus d’ailleurs que l’aune de Paris) n’était un multiple du pied. Elle mesurait 43 pouces 10 lignes 6/10e, soit 1m187. Pour indiquer la largeur, il fallait donc l’exprimer par un nombre fractionnaire. Le dénominateur, dans ce cas, était 8, 12, 16 ou 24. On avait des étoffes en 3/8, 5/8, 7/16, etc. d’aune. L’étoffe en 7/12, par exemple, mesurait ainsi 69 cent. 2 mill. 1/3 ; celle en 5/12, 49 cent. 4 mill. 1/2, etc. Après l’adoption du système métrique, on arrondit la mesure de l’aune pour la faire coïncider avec les mesures nouvelles ; on fixa l’aune à 1m20 et on la divisa par 12. Dont résultait que 5/12 représentait 50 cent. ; 7/12, 70 cent., etc. C’est ainsi que l’on désignait les largeurs de mon temps. On s’aperçut sans doute que le dénominateur 12 était bien inutile, et l’on dit aujourd’hui une étoffe de 50, de 70 cent., etc. — Toutefois, à côté de l’aune de 120 c., il y avait une aune de 116 c., et certains marchands, hélas ! mesuraient à 120 c. pour la façon du canut, et à 116 c. pour la vente.

2. Terme de couturière, Largeur d’une étoffe en général. Vous ajouterez une largeur à cette robe.

LARMIER, s. m. — Soupirail de cave (voy. abat-jour). — De lacrymarium. Pas douteux qu’à l’origine le larmier ne fût un trou destiné à évacuer les eaux pluviales (comp. larmier, moulure pour les eaux pluviales). Le sens s’est ensuite étendu à des trous qui n’avaient pas la même fonction, tels qu’un soupirail.

LARMISE, s. f. — Lézard gris, laceria muralis. — Vivre dans un trou de larmise, Vivre d’une vie retirée et solitaire.

LARÇONNIER, s. m. Voy. lançonnier.

LARIDET, s. m. — L’index (voyez sous cortiaud).

LASSE, s. f. — Lassitude. Prendre quelqu’un à la lasse, Le lasser au point de l’obliger à céder. Ce rogneux de Marius a pris la pauvre Fine à la lasse. Subst. verbal de lasser. Comparez la mouille, la purge, la casse, l’abonde, etc.

LAURELLE, s. f. — Laurier-rose, nerium oleander. En 1871, une vieille bonne, qui servait depuis quarante ans dans une famille légitimiste, me disait avec indignation : C’est ce queux de Cabestan (Gambetta) qui a vendu aux Prussiens l’Alcazar et la Laurelle (l’Alsace et la Lorraine).

LAVAILLE, s. f. — Rinçure de vaisselle. S’emploie souvent au fig. C’est pas de bouillon que nous a fait la Marie, c’est de la lavaille.

LAVANDERIE, s. f. — Buanderie, pièce ou petit bâtiment destiné aux lessives. J’ai entendu quelquefois appliquer ce nom aux souillardes. En ce sens, il a une origine dauphinoise.

LAVEMENT. — Pressé comme un lavement. En visite : Vous nous quittez déjà, Madame la comtesse ! Mais vous êtes pressée comme un lavement ! — Oh, je suis obligée de faire mes visites en courant d’air, j’ai tant de commissions ! Puis le comte tient à ce que je soye rentrée quand lui.

LAVER. — Elle laverait l’eau, pour dire d’une femme qu’elle est de le propreté la plus poussée.

LE devant un prénom d’homme, Voy. la.