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ALOSE. — Ah ! comme cela sentait le beau printemps et le soleil et les fleurs ! le temps qui s’approchait de monter à Sainte-Foy ! lorsqu’on entendait crier par les rues :


\relative {\key sol \major \time 4/2
re'' re2( sol4) re sol re2 re4 re re si2 si4 \bar "|."
}
\addlyrics { A- lo-sa, lo-sa ! la coua bou-li-gue ! }

(Alose, alose ! la queue frétille !)

ALOUETTE. — Alouette de savetier. Elle est un peu grosse, mais l’estomac d’un bijoutier sur le genou ne saurait se contenter des béatilles d’une petite-maîtresse. Il exige des choses légères, mais cependant substantielles : de la soupe de gaude froide, de la tripe, des fiageôles, des matefaims, et, quand on l’y peut joindre, une alouette de savetier, c’est-à-dire une dinde.

Alouette de Crémieu, même sens.

AMANDRE, s. f. — Amande. Mermet donne un compte de « Despence », où, sous la date du 8 janvier 1583, est inscrite « une liure d’amandres ». Dans l’Entrée de Bacchus (1627), on lit : « blan comme amandra. » — Représente correctement amygdalum, par la transformation de l en r, tandis qu’amande est irrégulier. Le mot lyonnais a, de plus, l’avantage de ne pas faire confusion avec amende, d’amender. Montant un jour les Génovéfains avec une aimable jeune personne, nous arrivons à un certain endroit où il y avait alors une haie. Fi, l’horreur !! s’écria-t-elle, la police devrait bien leur mettre des amendes ! Elle entendait qu’on devrait punir d’une amende les auteurs. Si je ne l’avais pas connue pour bonne Lyonnaise, j’aurais pu, à l’audition, hésiter sur le sens à attacher au mot amende.

AMATER, v. a — Amadouer. La Jeône a fini d’amater le François ; i vont se joindre devant le curé. — Origine scandinave. Danois made, nordique mata, appâter.

AMBRE, s. f. — Osier blanc, salix viminalis. On dit aussi une ambre pour « un lien d’ambre ». — On sait qu’Ameria était une ville de l’Ombrie, où l’osier était si commun qu’il en a pris en latin le nom d’amerinum (Georg. l. i, v. 265). Amerium est le simple d’amerinum. Erium, suffixe, donne ier. Mais il n’en est pas de même de erium non à l’état de suffixe (comp. arius suff. = ier et arius de varius = vair). Amerium se comporte comme amerum = patois ambro. La forme francisée ambre est devenue féminine par analogie avec la plupart des mots français terminés en e muet.

Fin comme l’ambre, Se dit de quelqu’un avisé et subtil. M. Polaillon : Mme Patrigot n’est pas rien tant bête ! — Mme  Polaillon : Bête ! elle est fine comme l’ambre ! Fin a été pris d’abord au sens de pur (comp. argent fin, ambre fin). Puis on a joué sur le mot.

AMBRIER, s. m. — Plant d’osier. Fait sur ambre, avec le suffixe ier des noms d’arbres.

AMBUNI, AMBOUNI, s. m. — Nombril. Ambuni de Vénus, Sorte de pêche à nombril bien marqué. « Le boyau fisical que sortait de l’ambuni comme un bout de canette à travers l’agnolet. » (Adresse des Canus.) — En vieux franc. le sens s’était étendu à fente d’un noyau. « Icelluy fruit…, lequel a au milieu du noyau une fendure que aulcuns dient ambonil, et d’icelle viennent les racines. » Aussi, dans nos vieux vitraux, voyons-nous l’arbre mystique plongeant ses racines dans l’ambuni de Jessé. — D’umbilicus.

ÂME.Comme le bon Dieu attend mon âme. Comparaison très usitée. Il attend cet héritage comme le bon Dieu attend mon âme. Expression aimable qui marque ici et la foi de nos pères et la vive attente dans laquelle on peut être d’un héritage.

Âme de peloton. Morceau de papier plié ou de carton sur lequel on enroule le fil. Ainsi nommé parce qu’il est dans l’intérieur du peloton comme l’âme est dans le corps.

Une étoffe qui n’a que l’âme. Étoffe tout à fait légère, qui n’a point de corps. naturablement, puisqu’elle n’a que l’âme.

AMENER (S’). — Expression spiritualiste. Pour s’amener soi-même, il faut être deux : l’âme et le corps, la première con-