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GUIMBARDE, s. f. — 1. Quoique le mot soit au Dict. de l’Académie de 1798, avec cette définition : « Sorte de chariot long et couvert à quatre roues, qui sert de coche ou de fourgon, » Breghot (1829-1831) le signale comme « lyonnaisisme ». Il ajoute : « Le dictionnaire de Trévoux indique le mot et la chose comme étant en usage du côté de Lyon. » Breghot, continuant à citer Trévoux, dit qu’on se sert de cette espèce de voiture « quand les rivières ne sont plus navigables, à cause de la grandeur des eaux, ou à cause des glaces ». Les guimbardes étaient en usage en tout temps, car je lis dans l’almanach de 1770 : « À l’arrivée de ces Voitures (les coches d’eau) à Châlons, les Marchandises sont chargées sur des Guimbardes. »

2. Sorte d’instrument de musique. La définition donnée par l’Académie ne s’applique pas absolument à notre instrument, car elle dit que « on fait vibrer la languette en la poussant du doigt ». Or, dans notre guimbarde, c’est le souffle qui fait vibrer la languette d’acier.

GUIMPIER, s. m. — L’ouvrier qui reçoit le fil d’or et d’argent du tireur d’or et qui, après lui avoir fait subir diverses manipulations dont la dernière consiste à l’enrouler en spirale autour d’un fil de soie, le livre au passementier ou au tisseur. C’est une industrie lyonnaise, aujourd’hui bien déchue, mais dont le rôle était considérable au temps où le métal se mariait couramment à la soie dans les tissus. — Il y a, au premier abord, peu de relations entre une guimpe et un fil d’or. Il faut se rappeler qu’aux xvie et xviie siècles les guimpiers étaient des canuts tissant la gaze de soie et spécialement la gaze d’or ou d’argent. De l’ouvrier qui la tissait, le sens est dérivé à l’ouvrier qui en préparait les fils.

GUINCHER. Voy. aguincher.

GUINDRE, s. f., terme de dévidage. — Appareil composé de deux cylindres, un grand et un petit, sur lequel on place la flotte à dévider. Le gros cylindre, placé au-dessus de l’autre, s’appelle chapeau du guindre. La mécanique à dévider est composée d’une série de guindres placés circulairement. Du guindre le fil passe dans un agnolet de verre qui a un mouvement de va-et-vient afin que le fil se croise sur le roquet ou bobine sur lequel il vient s’envider. Cet agnolet est soutenu par un support en bois nommé poupée (voy. ce mot).

GUISE. — Touche-moi la main de bonne guise ! (l’autre touche). — Tu as fais pipi dans ta chemise ! — Charmante plaisanterie usitée surtout chez les jeunes personnes.


H


HABILE, adj. des 2 g. — Ne signifie pas capable, intelligent, savant, mais prompt, expéditit. Il est très habile à canuser ; il te vous expédie sa pièce en rien de temps. Je crois que c’est à tort que l’on considère cette acception comme une faute, car l’Académie écrit : « Il (habile) se dit aussi pour diligent, expéditif. » Je ne sais pourquoi Littré a omis ce sens.

HABILITÉ, s. f. — Qualité de l’homme prompt, expéditif. Pour l’habilité il n’a pas son pareil : il a-t-ayu cinq z’enfants en trois ans. Ce n’est que bien tard que j’ai su que le mot français était habileté. Un jour, le maitre qui était censé me donner des leçons de grammaire ayant prononcé habileté, je le repris pour dire habilité. La confusion doit être ancienne. Je lis dans Cotgrave : « Habilité, as habileté. »

HABILLÉ. — Habillé de soie, parlant par respect, euphémisme pour cayon. Jeu de mots sur soie.