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GUICHET. — La bourgeoise qu’a bien mal au ventre : va-t-en vite chercher Madame du Guichet (l’accoucheuse).

GUIDANE, s. f., terme d’ourdissage. — Avant d’ordonner son étoffe, le fabricant fait ourdir une portée de 80 fils, ce qui lui permet de calculer la quantité d’organsin qui lui est nécessaire pour toute la pièce. Cette portée se nomme guidane parce qu’elle sert de guide pour l’ensemble de la pièce. — Par extension on donne aussi le nom de guidane à une petite quantité de fils que l’on fait ourdir pour compléter une chaine qui, par une erreur ou un accident, n’a pas la largeur voulue. — De l’ital. guidana, même sens.

GUIDE, s. f., terme de construction. — Fil à plomb courant sur un fil horizontal à l’aide d’une poulie.

GUIDE-ÂNE, s. m. — Feuille de papier rayée avec des lignes bien noires, que l’on place sous la feuille sur laquelle on doit écrire, afin que, par la transparence, on puisse suivre les lignes sans monter au grenier ou descendre à la cave, comme lorsqu’on est livré à sa propre inspiration. On l’appelle aussi transparent, parce que c’est la feuille sur laquelle on écrit qui est transparente, et le transparent qui est opaque. — Au fig. toute chose qui sert à guider l’ignorance. Par exemple Daphnis avait besoin d’un guide-âne, et ce fut Lycénion qui le lui prêta.

GUIGNE-QUEUE, s. m. — Bergeronnette. C’est hoche-queue dans lequel la première partie du mot a été remplacée par guigne, le verbe guigner ayant pris chez nous la signification de remuer, frétiller. Comp. guignoche.

GUIGNER, v. a.— En franç. il signifie cligner de l’œil, regarder sans faire semblant. Chez nous il signifie faire signe, soit de l’œil, soit de la tête, soit du doigt, mais il comporte l’idée de remuer. Comp. le provenç. guigna, remuer, hocher, montrer du doigt. J’ai vu le Pierre que guignait la Colette. Elle est partie tout de suite.

GUIGNOCHE, s. f. — Détente d’une arme à feu. Tirer la guignoche, presser la détente. — De guigner.

GUIGNOL. — Le théâtre et le personnage et ses principaux interprètes sont trop connus pour qu’il y ait lieu de répéter ce qui a été dit tant de fois. Mentionnons seulement la locution : C’est un guignol ! qui se dit de quelqu’un de pasquin, qui fait des grimaces.

GUIGNOLANT, adj. — Ennuyeux, pénible. Ne s’emploie que sous une forme impersonnelle : Se dévorer les sangs pour une femme, lui faire des vers copiés sur Lamartine, et se voir traiter de vieille courle, c’est guignolant ! — Guignol n’a pas de responsabilité dans l’expression. Guignolant n’est qu’une forme de guignonnant.

GUIGUITE, nom propre. — Marguerite.

GUILLE, s. f. — Fausset d’un tonneau. — Du vieux haut allem. chil, « parvum lignum » ; moyen haut allem. kil, morceau de bois aiguisé. Le vénérable Rabelais écrit dille. Serait-ce une faute ? « Autant que je vous en tireray par la dille, autant je vous entonneray par le bondon. »

GUILLE (LA). — Nom, pas très distingué, que des fois l’on donne à la Guillotière, lorsque l’on n’emploie pas le nom poétique de Jardin de la France. Un noble poète de l’Académie française du Gourguillon, le grand François Coppié, a écrit :

C’étaient de tout petits espiciers de la Guille,
Vendant de l’humble vin qu’ils tiraient à la guille,
Du poivre, du fumant et du sucre candi,
Trois gones, tout nambois, habillés de cadi,
Maniaient savamment le quinet, la gobille :
L’un guerle, l’autre bègue, et le culot gambille…

GUILLER. — 1, v. n. Voy. déguiller.

2, v. a. Tromper. La Catherine m’a guillé, me disait le pauvre Cornaudin : en me mariant, je comptais prendre un méquier tout neuf, et j’ai pris qu’une vieille brocante ! — Du germ. wile, ruse.

GUILLOTINE-ROULANTE (LA). — C’est le nom donné au tramwey à vapeur de Neuville, qui a esquinté déjà force pauvre monde. Moi, disait un canut, quand je vas à la pêche, je prends la Galoche, pas la Guillotine. Faut ben être fou pour s’embarquer dans cete machine.