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GOUILLAT, s. m. — Mare, flaque d’eau, le plus souvent bourbeuse. J’ai mis mes clapotons au beau mitan du gouillat. Le phonème gouil pour exprimer l’eau, et spécialement l’eau bourbeuse, se trouve dans presque tous les patois.

GOULUSE, fém. de Goulu. — « Ah ! ces maudites fiageôles, la Barnadine n’en mangeait comme une goluse, margré ce que je disais. » (Ressit des Amours.) — Tiré de goulu, par analogie avec cabuse, de cabus ; obtuse, d’obtus, etc.

GOUPILLON. — Il est venu au monde le goupillon à la main. Se dit d’un prêtre qui a bonne tournure en officiant.

GOUR, s. m. — Endroit d’une rivière où l’eau est dormante. — De gurges.

GOURDER, v. n. — Se noyer, aller au fond de l’eau. Métaphore tirée de la gourde qui flotte sur l’eau, et plonge au fond à mesure que l’eau pénètre par le goulot.

GOURER, v. a. — Tromper. Prends la riche, tu te goureras ; prends la pauvre tu te goureras. Vois où tu feras le meilleur repas. (Quand je vous dit que les Lyonnais sont de petits la Rochefoucaulds !)

Voilà gourer devenu français de par le bon Littré. Du reste, il l’était jadis. « Le marchand pensant que ce fussent gens attiltrez pour gourrer (voler) sa chasuble, » dit le bonhomme Bouchet.

GOURGAND, s. m. — Mauvais traiteur. Nous ons t’ayu la ricle, parlant par respect, toute la sainte nuit. C’est ce gourgand que nous a donné le bocon. — Subst. verbal de gourgander.

GOURGANDER, v. n. et a. — Faire de le détestable cuisine. Gourgander un plat, L’abîmer. — Me paraît fait avec une racine gorg, gourg, onomatopée d’un liquide qui brûle sur le feu.

GOURGUILLON, s. m. — Charançon du pois. — De curculionem.

GOURMAND. — Pois gourmands. Parce que c’est très gourmand de quindure. Le franç. dit pois goulus. Il n’y a pas la différence d’un cheveu de Vénus refendu en quatre.

GOURRINE, s. f. — Femme de mauvaise vie. Il est bas. — De gourre, truie. Voy. gorre.

GOÛT. — Faire passer le goût du pain, Escoffier, tuer.

C’est le goût du peintre, C’est une fantaisie. La locution se réfère à la bizarrerie supposée des artistes.

GOÛTER. — Un goûter soupatoire. Cet adjectif soupatoire fait mes délices. Après tout, l’expression n’est que le pendant de Un déjeuner dinatoire, qui est français.

GOUTTE. — L’amour n’y voit goutte est blâmé par Molard, qui veut qu’on dise Ne voit goutte. Il n’avait donc pas lu La Fontaine : « J’avoue en bonne foi — Que mon esprit d’abord n’y voyait goutte. »

De même Humbert n’entend pas qu’on dise La goutte au nez, mais La roupie au nez. Ô pileurs d’eau dans un mortier ! Mais Littré donne en exemple : Il a toujours la goutte au nez. — À Lyon, nous disons de préférence aux priseurs dans ce cas : « Torche donc ton jus noir ! »

GOUTTE-DE-SANG, s. f. — La fleur nommée Adonis.

GOUTTEUX, EUSE, adj. — Se dit d’un terrain, d’une terre humide. On a eu beaucoup de peine dans le temps à percer le tunnel de Tarare parce que le terrain était très goutteux.

GOUTTIÈRE, s. f. — Voie d’eau produite à la toiture, généralement par le bris d’une tuile. On prétend qu’à Lyon, pour boucher une gouttière, le maçon prend une tuile un peu plus loin sur le toit. Cela a l’avantage de faire une nouvelle gouttière qu’il faudra réparer avec une autre tuile, et ainsi de suite. — De gutta.

GOUVERT. — Être de bon gouvert, Être facile à gouverner. Peu de femmes sont de bon gouvert. — Subst. verbal de gouverner. Comp. Être de bon command.

GOYARDE, s. f. — Grosse goye. Voyez ce mot.

GOYART, s. m. — Goyarde très forte. On donnait jadis ce nom à une arme de guerre. Dans une Visitacion des arnoys de guerre de la ville, en 1412, les goyarts figurent parmi les armes diverses.