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prendre la golichinante en commençant. Puis ça va tout seul. C’est comme ça que faisait Lamartine. — C’est golet, dont le suffixe a été remplacé par un suffixe très allongé pour mieux marquer le caractère comique.

GONDIVELER, v. a. — Réjouir. « Et la peinture — De tes appas — Me gondivelle aussi dans mes repas. » (Jirôme à Fanchon.) — C’est gaudiveler (voy. godiviau), passé à godiveler (comme gaudiviau à godiviau) ; puis à gondiveler par nasalisation de o.

GONDOLÉE, s. f. — Un grand gobelet de liquide. Je t’avais demandé une larme de mortavie, et te m’en donnes une gondolée ! Te veux don me fiôler ? — De gondole, qui signifiait primitivement vase à boire, et qui a disparu en ce sens, ne laissant que le dérivé.

GONE, s. m. — Gamin. Par extension se dit d’un adulte, au sens péjoratif. As-te vu ce gone, comme il avait mauvaise câle !

Gone mouvant, Petit gone. Un mouvant, c’est un moineau qui sort du nid. Donc, gone mouvant, gone qui sort du nid.

Assez vraisemblablement du grec γόνος, fils, enfant. On ne le rencontre, il est vrai, dans aucun vieux texte lyonnais, mais il figure sous la forme gonet dans un texte dauphinois du premier tiers du xviiie siècle. Et arton, qui est bien grec, ne se rencontre non plus dans aucun document.

Arton nous est venu par le provençal, où plusieurs mots grecs ont laissé trace, tandis que gone est purement lyonnais et pas fort ancien. Gone se rattache plutôt au vieux français gone ou gonne, robe, et la forme dauphinoise gonet confirme cette dérivation.

GONFLE, s. f. — 1. Vessie d’habillé de soie.

2. Ampoule. Je me suis ébouillanté la main ; ça m’a fait venir de gonfles.

3. Bulle. L’amour : une gonfle de savon, le mariage la poche, disait mon maître d’apprentissage, le philosophe.

Gonfle, adj., Gonflé. — Sur la formation, voy. arrête.

Gonfle comme un n’haricot crevé. Se dit de quelqu’un qui revient d’un grand diner.

Gonfle-b…, Haricots. C’est l’expression employée par les hautes classes. Le menu peuple dit fiageôles.

GONGON, s. f. — Femme qui gongonne. On dit aussi Une gongonneuse. Les femmes sont en partie toutes des gongonneuses.

GONGONNER, v. n. — 1. Grommeler. C’est le sens primitif.

2. Rabâcher des reproches. C’est le sens le plus commun. I faut que je me dépêche de rentrer, la bourgeoise gongonnerait. Onomatopée. Comp. le prov. boumbouna, même sens.

GORGEON. Voy. avaler.

GORGOSSON, s. m. — Râle. Mon Dieu, il va mourir ! il a le gorgosson ! — De gurgitem. Par ext. Gosier.

GORRE, s. f. — Méchante vache. S’emploie souvent avec vieille. De la vieille gorre. Un boucher de Saint-Just avait une margot. Comme c’est l’habitude des femmes de ronchonner quand elles achètent, beaucoup de clientes, en regardant le morceau qu’on leur servait disaient : C’est de vieille gorre ! La margot avait retenu le mot. Un jour entre Mme Potasson : M. Nagu, donnez-me donc un joli morceau de prein. C’est pour ma file, que relève de couche ! — Voilà, petite mère, un morceau que sera tendre comme de bave ! — C’est de vieille gorre ! fait la pie. Furieux, le boucher attrape la margot et la jette dans le puits. La pauvre bête ne se noya pas pourtant, et s’aidant des pieds, du bec, parvint à remonter la paroi à demi ruinée. Toute trempe, la margot vient se sécher tristement sur le pas de la porte. Rentre Miraud, le chien du boucher, qui avait gobé une avale d’eau et semblait un torchon qu’on a mis dans la buye. Étonnée, la margot le regarde : T’as don dit que c’était de gorre ? — Telle est l’histoire que m’a contée le véridique La Godelle. — Du vieux franç. gorre, truie.

GOSSE, s. f. — Craque, hourde inventée pour se moquer. Y a Picandeau qui m’a dit comme ça qu’à Paris, chez M. Pasteur, i fabriquiont de z’enfants tout faits avè de drogues dans des cantines. Pt’ ête c’est vrai, pt’ ête c’est une gosse. — Subst. verbal de gosser.

GOSSER, v. n. — Dire des gosses. C’est le franç. gausser sous la forme qu’il avait au xvie siècle. Et ne se parle que de rire — Et de gosser en liberté, dit Bouchet. Et Henri Estienne emploie le mot gosserie.