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ÉPOGNE, s. f. — Voy. Pogne. Cette dernière forme est la plus fréquente.

ÉPONGE. — Avoir un magasin d’éponges dans l’estôme. Se dit d’être grand buveur.

ÉPOUSER, v. a., terme d’architecture. — Suivre tous les contours d’une chose. L’architecte : Pour bien se raccorder, il faut que votre menuiserie épouse le profil de la taille.

ÉPRESSES, s. f. pl. — Épreintes. J’entendais un jour M. Mignotet, qui était allé consulter M. Fumeron, lequel, comme j’ai eu l’occasion de le dire, était un grand savant : Père Fumeron, j’ai la bourgeoise, parlant par respect, qu’a des épresses dans le fondement. Qui qu’y faut faire ?M. Fumeron, d’un ton d’autorité : Faut n’y mettre des suppositions en beurre de cacao. — Dérivé très logique de presser, tandis que l’on ne comprend pas, sans un dictionnaire d’étymologie, d’où vient épreintes.

ÉPREUVE. — À l’épreuve on lève les taches, Au pied du mur on voit le maçon.

ÉQUEVILLES, s. f. pl. — Balayures, ordures. Tous ces politiciens, tous ces gens affamés de crapularité, je serais d’avis de les jeter aux équevilles. — Fait sur le vieux franç. escouve, balai, de scopa.

ÉQUIPAGE, s. m. — 1. File d’énormes chevaux, attelés par deux, qui remorquaient des files de bateaux, avant l’invention des bateaux à vapeur.

2. L’ensemble des bateaux eux-mêmes. Une écurie de chevaux de ce genre s’appelait aussi un équipage. L’équipage de Jean La Miche, de Serrières, comprenait soixante chevaux.

ÉREINTE, s. f. — Action de s’éreinter. Avè me n’épouse, y a de quoi n’en prendre une éreinte. On dit aussi Faire une chose à toute éreinte, La faire avec une énergie à s’en abîmer le tempérament. — Subst. verbal d’éreinter.

ÉRÉNER, v. a. — Éreinter. Je vas au pucier ; je suis érénée d’avoir lavé. Viens-tu, toi, ma coque ? — De rein.

ESCALADOU, s. m., terme de canuserie. — Sorte de dévidoir léger qui se manœuvre en imprimant avec le plat de la main un mouvement de rotation à une tige horizontale au milieu de laquelle est un volant destiné à prolonger le mouvement. Du côté opposé à celui que manœuvre la main est un roquet à deux têtes qui envide la soie se déroulant d’un guindre placé en face. — Pseudonyme employé par Soulary pour signer des chansons. — De scaladosum, non que ce dévidoir ait rien de commun avec une échelle, mais parce que le dévidoir primitif, dont l’escaladou est une variante, est formé de cannes simulant une échelle courbe.

ESCALETTE, s. f., terme de lisage. — Dans le métier pour lire les cartons, le semple ou ensemble des cordes verticales passe sur une barre de bois transversale. Sur cette barre de bois on place un liteau, sorte de règle percée de trous dans lesquels on enfile les cordes du semple comme les arcades dans la planche à arcades, avec cette différence que les trous sont plus larges, les cordes du semple étant plus grosses. Le liteau étant placé, on le fixe avec une seconde barre de bois qu’on visse sur la première par les deux extrémités avec des vis de bois. L’ensemble des deux barres constitue l’escalette. — De scala, parce qu’on a comparé le liteau percé de trous à une échelle. Ce mot de scala a donné plusieurs termes de notre industrie. Voy. escaladou.

ESCALIER, s. m. — Nous l’employons toujours au pluriel. Une montée d’escaliers. — Débarouler par les escaliers. Je lis dans un journal de Lyon, du 20 décembre 1880 : « Mme  G… est tombée hier sur les escaliers du quai Saint-Antoine. » C’est que pour nous un escalier signifie une marche. Prenez garde dans le corridor, il y a deux escaliers à descendre.

Escalier à noyau, Escalier tournant, à milieu plein.

ESCALINS, s. m. pl. — Argent. Avoir des escalins, Être moyenné. Pierre-Marie X…, licencié en droit, avoué près la Cour d’appel, l’été, venait tous les jours par l’omnibus de l’Île-Barbe, avec un voisin. Pierre-Marie X… payait un jour pour tous les deux, mais le lendemain quand le conducteur allongeait la demi-aune, le voisin dormait, infailliblement. — Pierre-Marie X… de ne pas se démonter pour si peu. Et secouant le voisin : Allons, papa, faisons pas la bête ; c’est le coup de tirer les escalins de la filoche ! Payez pour deux !