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E


EAU. — Il va y avoir de l’eau. Euphémisme pour : Il va pleuvoir. On dit aussi : Il va tomber de l’eau ; mais le meilleur est : Il va y avoir du bouillon de chien.

De l’autre côté de l’eau. Voy. côté.

EAU BLANCHE. — Eau-de-vie anisée. Ainsi nommée de ce que, lorsque cette eau-de-vie est mêlée d’eau, le breuvage prend une belle couleur blanche, quoique l’eau-de-vie soit en elle-même parfaitement limpide. Nous l’appelons plus simplement anisette. Ne pas confondre avec l’anisette de Bordeaux. Il me souvient de la déception que j’éprouvai lorsque, après une longue marche, je demandai de l’anisette et de l’eau dans un cabaret devers Chaponost et que je vis tomber de la bouteille dans mon verre une liqueur chaude et visqueuse. Pas moins le fus-je, déçu, à Paris, lorsque demandant de l’eau blanche dans un beau café, le garçon me répondit que c’était les pharmaciens qui tenaient ça. Le caquenano croyait que je voulais de l’extrait de Saturne.

ÉBERCHÉ, ÉE, adj. — Ébréché, ée. On dit plus élégamment berchu.

ÉBERCHURE, s. f. — Faire une éberchure à un coupon… Faire une éberchure à se n’honneur (en parlant des filles). — Répond à un français ébréchure, de brèche, qui manque.

ÉBISER (S’), v. pr. — S’entrecuire par l’effet de la bise. La bise froide rend la peau rèche comme une peau de raquin ; et si, avec cela, on a des culottes en étoffe roide, et qu’on fasse une longue marche, le frottement ébise, parlant par respect, la face interne des cuisses, la talle, et que ce n’est pas canant du tout.

ÉBOUILLANTER, v. a. — Jeter de l’eau bouillante sur un légume pour lui enlever son âpreté avant de le faire cuire. Ébouillanter des viédazes. On ébouillante aussi les cayons tués pour enlever le poil. S’ébouillanter les clapotons, Se laisser tomber de l’eau bouillante sur les pieds, comme cela arrive des fois aux poches-grasses, qui sont adroites comme l’oiseau de saint Luc.

ÉBÔYER (S’) (ébô-yié), v. pr. — S’éventrer, se crever. S’emploie aussi au neutre. Y a Pillandreau que nous a conté de gandoises à faire éboyer de rire… Une canette que s’ébôye, Canette qui n’est pas assez serrée, et dont le ventre s’ouvre. Au fig. Se démarcourer, se laisser abattre. Allons, t’ébôye pas comme une canette de borriau ! — De bôyes, boyaux, S’éboyer, perdre ses boyaux.

ÉBRAVAGÉ, ÉE, adj. — 1. Fourachaux, écervelé. Le Glaudius a fait l’ébravagé avec toutes ces manifestances. I s’est fait caler à la Cave.

2. Fou d’émotion, d’épouvante. Ma fenne est tout ébravagée des coups de tonnerre. — De ravager.

ÉCAFOIRER v. a. Voy. cafoiré.

ÉCARRER, v. a. — Écarrer une pièce de bois, L’équarrir. Mot tout naturellement formé par analogie avec carré.

ÉCHAILLER, v. a., terme de construction. — Échailler une voûte, Garnir les joints en-dessus avec des échailles que l’on cogne au marteau, afin de donner artificiellement aux moellons la coupe de claveaux. — Fait sur échailles.

ÉCHAILLES, s. f. pl. — Petits éclats de pierre minces qui servent à garnir les voûtes. — Forme d’écailles.

ÉCHANTILLER, v. n., terme de canuserie. — Compter le nombre de grammes de trame employée au mètre ; à celle fin de savoir combien il en faut pour la pièce.

ÉCHANTILLON, s. m. — Chenevotte. Depuis qu’on a inventé les allumettes chimiques,