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Au lieu de ce n’est pas pour dire, on emploie volontiers la locution : Ce n’est par pour la chose de dire. Cette dernière tournure est plus élégante.

On vous le saura à dire, On vous le saura dire. Analogie avec le français « On vous le fera à savoir ».

Sur dix pièces qui sont rentrées au magasin aujourd’hui, je n’en ai trouvé qu’une à dire. pour Où il y eût quelque chose à dire. Cette curieuse locution existait déjà au xviiie siècle}.

DISPENSER, v. a. — Dépenser — C’est le sens primitif du franç. dispenser, répartir, distribuer (Il dispensa son bien aux pauvres) ; d’où, par extension, employer de l’argent à quelque chose.

DODON. — Nom de femme. Une des sœurs de mon grand-père, Barthélemy Puitspelu, passementier, se nommait Dodon. Canuse de son état, c’était une personnalité curieusement poétique. — Dodon, qui serait mieux orthographié Daudon, est l’ancien nom de femme Claude, avec le suffixe on. Comp. Françon, Pernon.

DOIGT. — Nom des doigts. Voy. sous cortiaud.

Avoir un doigt sans connaissance. Voy. connaissance.

On s’en lècherait les cinq doigts et le pouce. Se dit de quelque chose de franc bon. Au fig. Comment que te trouves la Fanchette ? — On s’en licherait les cinq doigts et le pouce !

Doigts-de-morts, Corconères, salsifis. — À cause de leur forme effilée et de leur couleur blanche. Image gracieuse pour exciter l’appétit.

DÔME. — Dôme de poêle, Gros couvercle en tôle, de forme cylindrique, qui sert à recouvrir la marmite sur le poêle pour faciliter la cuisson. Dans les maisons riches, il monte et descend à l’aide d’une poulie.

DONC. — Particule explétive si naturelle que j’en ai usé tout le long de l’ouvrage, sans même penser à l’enregistrer. M. Greluchard, donc qu’il est aujourd’hui député, signifie : « M. Greluchard qui est aujourd’hui député. » Mais donc, sans changer le sens, le renforce. Il semble dire : « Remarquez bien que, etc. »

DONDON, s. f. — Grosse fille un peu courte, réjouie. On le trouve dans Scarron. — Du vieux franç. dondaine, cornemuse. Une fille enflée comme une cornemuse. Aussi, dans nos patois, dondon a le double sens de musique et de grosse femme.

DONNER. — S’en donner, Se livrer avec rage à un travail, à un plaisir, etc. En sous-entend l’objet dont on s’occupe. Comp. l’argot : s’en payer une tranche. En ménage, disait mon bourgeois, qui était la sagesse même, il ne faut jamais trop s’en donner.

Donner coup. Voy. coup.

Frapper, darder. Le soleil donne sur le toit de la maison. Au fig. Tu nous donnes sur le tempérament, Tu nous enquiquines. L’expression se retrouve partout, mais elle ne figure pas dans les dictionnaires.

Tout ce que le bon Dieu lui a donné, c’est-à-dire tout ce qui est l’attribut de son sexe ou sis aux environs. Se dit surtout à propos des enfants : Pauline, veux-tu bien pas faire le trébicholet comme ça ! tu montres tout ce que le bon Dieu t’a donné !

DORMILLE, s. f. — Loche franche, poisson. — Ainsi nommé de ses habitudes nonchalantes qui le font sembler dormir.

DORSE, s. f. — Gousse, cosse. De dorses de fiageôles, des gousses de haricot. — De dorsum, qui, réduit à dossum, avait pris le sens de pellis. Cotgrave a dosse d’ail.

Dorse d’ail est toujours du bon parler dans les ménages lyonnais. (M. D.)

DOUBLE, s. f. — Gras-double. Molard dit que « Richelet reconnait les deux mots et les distingue », mais mon édition de Richelet (Amsterdam, 1706) ne contient que gras-double. Il en est de même de tous les dictionnaires que je connais des sviie et sviiie siècles.

Double à la lyonnaise, Double sautée à la poêle avec de petits oignons. Chenu !

DOUBLOIR, s. m., terme de canuserie. — Ustensiles pour porter les roquets lorsqu’on fait les canettes. — De ce que le doubloir permet de mettre plusieurs bouts à la trâme, de la doubler.

DOUCE. — Cette femme a la peau douce comme le c… du chat. Je ne puis me porter garant de l’exactitude du dicton, n’ayant jamais eu envie de le vérifier.

Aller tout à la douce, Aller tout plan-