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ACCOMMODAGE, s. m. — Sauce, condiment, manière d’apprêter les mets. Marie, ne sermoirez donc pas comme ça tous vos accommodages, que ça te vous enlève la petariffe ! Si inusité ailleurs qu’à Lyon que, toutes les fois que je l’ai employé au dehors, on s’est gaussé de moi, pour autant que ce n’était pas français. Il figure cependant au dictionn. de l’Acad.

ACCOUCHER (S’), v. pron. — Accoucher. S’il y a de la logique au monde, on doit dire s’accoucher, puisqu’on dit s’aliter, formé de lit, comme s’accoucher de couche. Dont vient qu’autrefois les hommes s’accouchaient comme les femmes, à la seule différence qu’ils ne faisaient pas d’enfants. « Et pour les dites maladies, j’accouchai au lit en la mi-carême, » dit le bon Joinville.

ACCROCHAGE, s. m. — C’est le nom du métier qui sert à lire les dessins de fabrique, et à percer les cartons en conséquence. Voy. semple 2.

ACCROCHER. — Accrocher un bon rhume, — L’attraper. On dit que ce n’est pas français. Pourtant accrocher ou attraper, cela se ressemble beaucoup. Mais pourquoi cela ne se dit-il que du rhume ? On ne dit pas accrocher une typhoïde, une vasivite, etc.

ACCULER, v. a. — Ce n’est point une corruption d’éculer. C’est au contraire éculer qui est une corruption d’acculer. « Nous n’avons point eu de bien depuis que les talons des souliers ont été acculés et que les andouilles ont pué la, etc. », disait tristement le bon Béroalde. Et Rabelais nous conte que Gargantua étant petit, « se chaffouroit le visage et aculoit ses souliers.… » Et, en 1635, le Dictionnaire du R. P. Monet disait encore : « Acculer un soulier, lui abattre et fouler le talon. » — L’origine est un vilain mot, qu’il vaut mieux taire. On a considéré le talon comme étant la chose en question du soulier.

ACHATIR, v. a. — Allécher, affriander, attirer par l’appât de la bonne chère ou de tout autre manière. Pour achatir le Jules, gn’y a rien comme la crasse de beurre.

ACIVER, v. a — Donner la bêchée aux petits oiseaux. Les nourrices acivent de même les petits miaillons avec de la poupou. Elles mettent la cuiller pleine dans leurs bouches à elles, couleur de refroidir la poupou en soufflant dessus. Elles mangent la moitié de la cuillerée, bavent dans le reste, et le donnent au mami, qui est bien content. — De cibare.

ACRÊTEMENT, s. m. — Chaperon d’un mur façonné en dos d’âne. On lit dans la Comptabilité de la Ville, 1380–1388 : « À Girart de Cuysel, maczon.., c’est assavoir huit frans et quart pour reste des acretements qu’ils ont fait cette année au-dessus de Pierre-Scize. » — D’acrêter, comme bien s’accorde.

ACRÊTER, v. a. — Terminer dans sa partie supérieure un objet, généralement un mur en forme de dos d’âne. — De crête (crista), au sens de colline, montagne.

ACTER, v. n. — Faire un acte. Ce notaire acte bien. Cette expression, donnée par Molard en 1810, est tombée en désuétude. C’est cependant un dérivé naturel d’acte, comme plomber, de plomb, sillonner, de sillon, etc.

ACUCHER, v. a. — Mettre en tas, presser, amonceler. Acucher les équevilles. — Du vieux franç. cuche, tas de foin, meule de paille, etc.

ACUCHONNER, v. a. — Mettre en cuchon (Voy. ce mot). Acuchonner de pesettes, de fiageôles, etc.

ACUTI, ENCUTI, IE, adj. — Se dit de quelqu’un d’engourdi, de mollasse, qui se tient accroupi, serré. Je demandais à une jeune mariée de mes parentes si elle était heureuse avec son mari : Il n’est pas méchant, me répondit-elle, mais il est si tellement acuti qu’on ne peut pas le dégrober du coin du poêle. Moi que j’avais rêvé un tarabâte ! — De cutir, c’est clarinette.

ACUTIR (S’), v. n. — Prendre l’habitude d’être acuti. — Peut-être de cotere pour conterere, d’où Diez tire l’espagnol cutir, tanner. Comp. des cheveux cutis, des cheveux agglomérés. Cette origine ayant été perdue de vue, on lit généralement dans acuti l’idée de quelqu’un qui reste sur son chose, comme dans accroupi l’idée de quelqu’un qui reste sur sa croupe.

ADIEU COMMAND. — Vieille et aimable manière des Lyonnais de se dire adieu. Ad Deum te commendo. Notre Belle Cordière l’emploie dans son Débat de Folie et

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