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Révérence à c… ouvert (le mot salut serait plus exact, mais révérence est l’expression accoutumée). C’est une rigoureuse observation des lois de la physiologie qui a conduit les Lyonnais à donner ce nom à un profond salut, qu’il s’adresse d’ailleurs à un monsieur ou à une dame, il n’importe. L’agent principal du phénomène consigné dans cette expression est la contraction des muscles abdominaux : le grand droit, le pyramidal qui lui fait suite, le grand oblique, le petit oblique et le transverse. À cette contraction correspond, naturablement, l’extension des fibres antérieures du muscle que, parlent par respect, les physiologistes nomment le grand fessier. Ce muscle rhomboïdal, épais, constitue l’élément le plus actif de la station debout. Son bord inférieur forme la limite de la πυγή. Lorsque le saluant s’incline, l’ἰσχίον cesse d’être recouvert par le muscle, et l’ὀρροπύγιον s’entr’ouvre proportionnellement. L’opération inverse a lieu lorsque le muscle, sous l’action nerveuse, reprend sa position primitive et vient de nouveau recouvrir l’ἰσχίον. Les sphincters sont étrangers à ce mouvement ; cependant ils cèdent relativement dans la position baissée, et c’est ce qui explique pourquoi il n’est pas sans exemple qu’une révérence trop profonde n’ait amené des accidents, sans importance au point de vue pathologique, il est vrai, mais contraires aux lois de la politesse.

Si nous avons bien pu faire comprendre ce qui précède, il en résulte que, appelant :

E, l’écartement de l’ὀρροπύγιον au maximum du salut ;

N, le salut ou inclinaison du corps en fonction de cette écartement ;

R, l’importance de la personne saluée ;

On a :

D’où :

D’où :

On peut donc en mesurant dans la pratique l’écartement de l’ὀρροπύγιον du saluant, connaitre l’importance du salué.

Quant à la valeur de R, elle est pratiquement variable. Autrefois elle s’obtenait par la multiplication de divers coefficients ; moralité, considération, rang social, services rendus, etc. Aujourd’hui il n’en est plus de même, et je connais des députés, des préfets, des sous-préfets, des magistrats, dont je ne donnerais pas deux sous, et que de pauvres diables sont obligés de saluer à sept, huit, neuf et jusqu’à dix centimètres d’écartement.

CULASSE, s. f. — Pétardier. Ceux qui ont eu le bonheur d’entendre l’Alboni se rappellent qu’elle avait la culasse aussi forte que la voix belle.

CULASSIER, s. m. — Cuirassier. La Bélonie me disait un jour comme ça : Mon cusin Dodo (Adolphe) est st bel homme qu’i l’ont metu dans les culassiers. — De ce qu’une culasse est un objet plus connu qu’une cuirasse. Et peut-être que Dodo était aussi remarquable par l’une que par l’autre.

CULOT, s. m. — Le dernier né. Quand j’étais petit, on m’appelait volontiers le culot, encore que je ne fusse que le cinquième sur six, mais le dernier étant mort en bas âge, j’avais pris son rang. Cela ne laissait pas de m’humilier, bien qu’il n’y ait rien d’humiliant à être le dernier, mais c’est ce nom de culot qui n’est pas joli. — Parlant par respect, de c…, parce que le dernier-né est considéré comme le bout, la fin de la famille. On y a ajouté le suffixe diminutif ot, le dernier étant le plus petit. En Dauphiné, on l’appelle le serre-buissou, celui qui ferme le buisson ; en Gévaudan, le gasta-gnis, celui qui souille le nid. En Provence on l’appelle plus crûment le cago-nis.

Si tu ne le corriges pas culot, il te chagrinera culasse, C’est-à-dire si tu ne le corriges pas pendant qu’il est petit, il te fera des misères quand il sera grand.

Il a du culot. Expression idiote qui, m’assure-t-on, s’est introduite à Lyon depuis quelques années pour dire : Il a de l’aplomb, il a du toupet.

CULOTTE, s. f. — Terme de construction. — Portion de tuyau en terre cuite, en forme d’y grec, et destiné, parlant par respect à conduire du siège des commodités au cornet de chute le résidu des repas.

CULOTTES, s. f. pl. — Braies. Nous l’employons toujours au pluriel, comme nous disons des pantalons (Voy. ce mot), témoin la célèbre chanson :

Quand j’étais petit, je n’étais pas grand ;
J’avais des culottes de fromage blanc :
Je montrais mon … à tous les passants.